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trois bandes, qui prendraient chacune un chemin différent, pour marcher plus commodément, et trouver plus facilement des lieux propres à camper, où il y eut de l'eau et des pâturages suffisamment pour tout le monde. Il fit ce jour-là fort beau temps tout le matin, avec un vent de sud-ouest assez fort qui tempéra la chaleur ; vers le midi le temps se brouilla, et il fit à diverses reprises un peu de pluie jusqu'au soir. Le 20 les ambassadeurs se dirent adieu pour un mois de temps, pendant lequel ils devaient marcher séparément par des chemins différents. Notre troupe qui suivait un des deux premiers ambassadeurs prit droit au nord : les deux autres prirent plus à l'est, chacun ayant ses guides. Ils furent obligés de se séparer ainsi, pour la commodité des eaux et des fourrages. Nous fîmes ce jour-là 60 lys ; nous en fîmes d'abord vingt-cinq ou trente droit au nord, ensuite douze ou quinze au nord-nord-ouest, et puis le reste au nord, et nous tournâmes pendant cinq ou six lys au nord-nord-est, un peu avant que d'arriver au lieu où nous campâmes. C'était dans une grande plaine à perte de vue ; on ne voyait de petites hauteurs qu'au nord-est ; un ruisseau coule dans cette plaine, dont l'eau est extrêmement fraîche, parce que la terre qui l'environne est fort nitreuse : le salpêtre paraît même au-dessus de la terre, qui est à moitié blanche et extrêmement salée : ce qui en rend les pâturages excellents pour les bestiaux ; aussi nos chameaux et nos chevaux les dévoraient-ils avec avidité. Nous ne passâmes durant tout notre chemin que deux ou trois petites hauteurs, que l'on monte et descend insensiblement : tout le reste était de belles plaines toutes couvertes d'herbages, auxquelles il ne manquait qu'un peu de culture. Nous ne vîmes durant le chemin que deux ou trois tentes de Mongous placées dans une plaine, où il y a un ruisseau et de bons pâturages : nous n'aperçûmes ni arbre, ni buisson. Nous fîmes lever plusieurs levreaux en chemin faisant, et les lévriers de notre ambassadeur en prirent deux proche du lieu où nous campâmes. Il y avait aussi sur le bord du ruisseau plusieurs oies sauvages, que les Chinois appellent hoang yia, c'est-à-dire, canard jaune, parce qu'ils ont une partie de leurs plumes jaunes ; nous en avons souvent trouvé sur les bords des ruisseaux que nous avons passés : et les chasseurs des ambassadeurs en ont tué quelques-uns de temps en temps avec des fusils. Il fit tout le jour un temps fort beau et fort doux, un grand vent de sud-ouest ayant tempéré l'ardeur du soleil, et élevé des nuages qui couvrirent le ciel presque depuis midi jusqu'au soir sans pluie ; il y eut quelques coups de tonnerre. La pluie commença à l'entrée de la nuit avec un grand vent de nord, et dura presque toute la nuit. Le 21 nous fîmes 80 lys, environ 50 au nord, et 30 au nord-ouest ; le pays que nous traversâmes est toujours désert, sans arbres, sans habitations, sans culture ; la plupart des terres sont sèches et sablonneuses ; nous fîmes lever une grande quantité de lièvres : de plus de trente que nous vîmes, on n'en tua que quatre à coups de flèches ; les lévriers de Kiou kieou qui sont