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l'idole vivante, ayant au-dessus de sa tête un dais d'étoffe de soie jaune, et c'est là qu'il reçoit l'adoration du peuple : à ses côtés sont plusieurs lampes, nous n'en vîmes qu'une qui fût allumée. Au sortir de la pagode nous montâmes en haut, et nous trouvâmes une méchante galerie qui tourne autour de ce carré oblong : on voit aussi des chambres autour de la galerie : dans une de ces chambres était un enfant de sept à huit ans, vêtu et assis comme l'idole vivante, il avait à ses cotés une lampe allumée : c'est apparemment cet enfant qu'on destine un jour à être le successeur de l'idole : car ces fourbes ont toujours quelqu'un prêt à être substitué en la place de l'autre, en cas qu'il vienne à mourir. Ils repaissent l'esprit grossier des Tartares de cette extravagante opinion, que l'idole ressuscite, et reparaît dans le corps d'un jeune homme, où son âme a passe. C'est ce qui leur inspire une si grande vénération pour leurs lamas, que non seulement ils obéissent aveuglément à tout ce qu'ils ordonnent, mais encore qu'ils leur donnent tout ce qu'ils ont de meilleur. C’est pour cela que quelques Mongous de la suite des ambassadeurs, rendirent à cet enfant les mêmes adorations qu'à l'autre lama. Je ne sais pas si les ambassadeurs l'adorèrent pareillement, car je n'entrai dans la chambre qu'après eux. Cet enfant ne fit pas le moindre mouvement, et ne dit pas un seul mot. Sur le devant de la pagode, au-dessus du vestibule, on trouve une salle fort propre avec un trône à la façon des Tartares, auprès duquel il y avait une fort belle table d'un vernis très fin, semée de nacres de perles : sur cette table était une coupe posée sur un piédestal d'argent, avec un crachoir aussi d'argent : c'est la chambre du prétendu immortel. Nous trouvâmes aussi dans une autre petite chambre fort mal propre, un lama qui chantait ses prières, écrites sur des feuilles de gros papier noir. Quand notre curiosité fut satisfaite, nos ambassadeurs prirent congé de ce fourbe, qui demeura assis, et ne leur fit pas la moindre civilité : après quoi ils allèrent dans une autre pagode visiter une autre idole vivante qui était venue au-devant d'eux le jour précédent ; pour ce qui est de nous, nous retournâmes dans notre camp. Je trouvai la hauteur méridienne du soleil semblable à celle du jour d'auparavant, c'est-à-dire, de 72 degrés 20 minutes. Le matin le temps fut serein et assez chaud, il se couvrit après midi, et il fit grand tonnerre avec un peu de pluie, et un grand vent du sud-est qui dura peu. Le 16 nous séjournâmes au camp de Quei hoa tchin, où l'on acheva de faire les provisions nécessaires pour le reste du voyage : il fit chaud tout le matin, le temps se couvrit vers le midi : il fit un grand tonnerre, et il tomba une grosse pluie qui ne dura pas longtemps : ensuite je vis cinq vagabonds Indiens, qui entrèrent dans la tente du père Pereira : nous ne pûmes en tirer rien de raisonnable : ils se disaient de l'Indoustan et gentils : ils étaient habillés, à peu près comme des ermites, avec un grand manteau de toile de