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On voit par ce que nous venons de dire, qu’une partie de la Tartarie est gouvernée par ses princes, qui sont les maîtres de cette nation, et de leurs terres, quoiqu’ils relèvent de l’empereur : et que l’autre est immédiatement soumise à Sa Majesté, qui envoie des gouverneurs et des officiers, comme dans les autres provinces de l’empire.

Cette première partie comprend toutes les terres, ou, comme ont parlé quelques-uns de nos écrivains, les royaumes des Tartares Mongous : quoique ces pays, tout vastes qu’ils sont, soient sans villes, sans forteresses, sans ponts, et même sans presqu’aucune commodité pour la vie civile.



I.


DES TERRES DES MANTCHEOUX.


Cette partie est divisée en trois grands gouvernements, dont on verra la grandeur par la carte même.


PREMIER GOUVERNEMENT.


Le premier est celui de Chin yang, que les Mantcheoux appellent Mougden. Il renferme tout l’ancien Leao tong, et est terminé au midi par la grande muraille, qui commence à l’est de Pékin, par un grand boulevard bâti dans l’océan. Il est renfermé à l’est, au nord, et à l’ouest, par une palissade plus propre à marquer ses limites, et à arrêter les petits voleurs, qu’à en défendre l’entrée à une armée. Car elle n’est faire que de pieux de bois de sept à huit pieds de hauteur, sans être terrassée par derrière, sans être défendue par un fossé, ni par le moindre ouvrage de fortification, même à la chinoise. Les portes ne valent pas mieux, et ne sont gardées que par quelques soldats.

Les Chinois n’ont pas laissé dans leurs livres géographiques, de donner le nom de muraille à cette palissade ; et cette expression a donné lieu à la diversité des sentiments sur la situation de la province de Leao tong, placée dans nos cartes, tantôt en deçà, et tantôt en delà de la grande muraille, suivant le sens que chaque auteur a donné aux mots chinois.

L’avantage qu’en tirait le gouvernement sous les empereurs était considérable, eu égard à leurs vues politiques : car il n’était pas permis aux sujets de la province de Leao tong de sortir de leur pays, ni d’entrer dans la Chine sans la permission des mandarins.

En deçà de cette palissade, étaient alors plusieurs places de guerre, fortifiée