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l'ardeur du soleil : nous avons vu encore plusieurs tentes de Mongous en différents endroits : 6 ou 7 dans un lieu, 8 ou 9 dans un autre. Le 9 nous fîmes 90 lys presque toujours à l'ouest ; nous marchâmes d'abord le long du ruisseau auprès duquel nous avions campé, et suivant un grand chemin qui est fort battu, nous montâmes une petite montagne, et nous passâmes ensuite plusieurs collines, tantôt en montant, tantôt en descendant, quelquefois allant entre deux collines. Nous rencontrâmes sur la première colline 25 ou 30 petites charrettes, traînées chacune par un bœuf ; après avoir passé ces hauteurs nous traversâmes une plaine d'environ une lieue et demie de longueur, puis nous montâmes une autre colline, de laquelle nous descendîmes dans une vaste plaine qui a pour le moins cinq ou six lieues de diamètre : elle est traversée de plusieurs petits ruisseaux, ou du moins d'un qui serpente beaucoup dans la plaine, car je ne sais, si ce n'est pas le même. Vers le milieu de la plaine qui s'appelle Nalinkeou se voit une pagode que l'empereur de la Chine y a fait bâtir en faveur des Grands lamas, afin qu'ils puissent se reposer quand ils vont de leur pays à Peking. Cette pagode est petite, mais c'est une des plus jolies et des mieux ornées que j'aie vues : elle est toute lambrissée, dorée, peinte, et vernissée, ce qui la rend fort agréable. Il y a au-dessus du vestibule une chambre assez grande, qui est faite exprès pour loger les Grands lamas quand ils y viennent. Quoique le bâtiment ne soit pas considérable, il a dû coûter cher, car il a fallu apporter les matériaux de bien loin : il y a à côté un méchant petit bâtiment où logent quatre ou cinq lamas. Nous allâmes nous reposer dans cette pagode trois ou quatre heures avec un des ambassadeurs, qui se divertit pendant ce temps-là à tirer des moineaux avec une sarbacane, il en tua environ quarante. Autour de la pagode sont plusieurs tentes de Mongous, aussi bien qu'en divers endroits de la plaine. On trouve aussi dans cette plaine quelques morceaux de terre cultivée par des Chinois qui y ont fixé leur demeure. Ils n'y sèment pas du blé, mais du mil. Nous allâmes camper le soir à vingt lys à l'ouest de cette pagode ; il fit assez froid avant le lever du soleil, mais dès qu'il fut un peu haut, la chaleur se fit vivement sentir, n'y ayant presque point eu de vent, si ce n'est vers le soir qu'il fit un peu de vent sud-ouest. On ne voit pas un arbre dans toute cette plaine, ni sur les collines qui l'environnent de toutes parts, excepté vers le nord où il y a un assez grand espace de campagnes qui s'étendent à perte de vue. Le 10 nous ne fîmes que 50 lys tout au plus, toujours à l'ouest, prenant tant soit peu du nord : nous marchâmes encore plus de 30 lys dans la plaine d'hier : ensuite nous passâmes quelques collines, et fîmes le reste du chemin en montant et descendant de petites hauteurs, ou marchant dans des vallées assez étroites, dans la plupart desquelles nous trouvâmes de petits ruisseaux. Nous fûmes obligés de camper sur le dernier de ces ruisseaux, parce qu'on nous dit que nous ne trouverions de l'eau que fort loin de là. On appelle ce lieu Sannechan. Le pays où nous avons passé est désert, sans