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différentes collines : nous allâmes d'abord au nord environ 10 ou 12 lys, ensuite un peu au nord-est, puis au nord-ouest : et enfin près de la moitié du chemin ou à l'ouest, ou à l'ouest-nord-ouest, quelquefois même nous prîmes un peu du sud. Nous allâmes presque toujours montant ou descendant de petites hauteurs, et nous ne vîmes pas un arbre dans le chemin, ni un morceau de terre cultivée : ce ne sont que des pelouses, ou des prairies pleines de bons pâturages. Nous trouvâmes quelques tentes de Mongous, et nous en rencontrâmes plusieurs, qui menaient de petites charrettes à deux roues fort légères, mais aussi fort fragiles, il y en avait de traînées par des chevaux, et d'autres par des bœufs. Il n'y avait proche de ces tentes de Mongous que des vaches et des chevaux, et comme il n'y a point de bois dans le pays, ils ne brûlent que de la fiente de vaches ou de chevaux desséchée au soleil. Une partie des collines que nous passâmes étaient encore pleines de pierres assez grosses, qui sortaient à demi de terre : nous trouvâmes plusieurs chemins assez battus. Il y eut tout le jour une pluie froide, avec un vent de nord qui nous incommoda beaucoup : nous campâmes le long d'un ruisseau sur une petite hauteur, proche de trois ou quatre tentes de Mongous. On voyait dans la vallée, qui est au pied de cette colline, un assez grand nombre de ces tentes, qui faisaient une espèce de village ou de hameau. J'eus la curiosité d'en aller voir une, et d'y entrer pour mieux savoir comment elles sont construites. C’est une espèce de cage faite de bâtons assez déliés, toute ronde, et grande de 13 ou 14 pieds de diamètre. Il y en a de plus grandes et de plus petites : mais la plupart de celles que j'ai vues sont de cette grandeur. Elles ont 8 ou 9 pieds de hauteur au milieu. Le toit de ces tentes commence environ à quatre pieds de terre, et se termine en pointe comme les toits d'une tour ronde ou d'un colombier ; ces tentes sont couvertes de différents morceaux d'étoffe, faite d'une laine foulée sans être tissue ; quand ils font du feu dans la tente, ils ôtent le morceau de cette étoffe, qui est au-dessus du lieu où le feu est allumé, ainsi que je le remarquai dans la tente où j'entrai, et où il y avait du feu. Je vis sur ce feu trois ou quatre morceaux de je ne sais quelle viande qui faisait horreur : il n'y avait pour tout meuble qu'un méchant lit de trois ou quatre planches, avec un morceau de cette même étoffe, dont ils couvrent leurs tentes, qui servait de matelas et de couverture ; un banc sur lequel il y avait deux femmes assises qui faisaient horreur, tant elles avaient le visage hideux, une méchante armoire, et quelque espèce d'écuelles de bois. Ces Mongous ne vivent que de laitage et de la chair de leurs bestiaux, qu'ils mangent presque toute crue. L'argent n'a point de cours parmi eux, mais ils troquent leurs chevaux, leurs vaches et leurs moutons pour de la toile, et pour des étoffes d'une laine fort grossière, dont ils se servent pour couvrir leurs tentes et leurs lits. Les hommes et les femmes sont habillés comme les Tartares Mantcheoux, mais plus pauvrement, et moins proprement ;