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habitées encore par des Chinois, qui se sont établis en cet endroit, pour cultiver ce qu'il y a de bonne terre, avec quelques tentes de Tartares de l'ouest. Nous vîmes aussi quelques sépulcres de ces Tartares, qui consistent en de petits étendards de toile peinte, qu'ils plantent sur le lieu où il y a quelques-uns de leurs gens enterrés. Les montagnes n'y sont plus si sauvages, ni si remplies de roches, ce sont des pelouses, où il y a de bons pâturages pour les bestiaux : mais on n'y voit pas un seul arbre. Il faisait si froid le matin, que nos ambassadeurs furent obligés de se vêtir d'une double fourrure ; mais sur les huit heures le soleil s'étant élevé, ils les quittèrent pour reprendre leurs habits d'été ; le vent était nord le matin, et vers le midi il devint sud, et dura ainsi tout le reste du jour. Le 6 nous fîmes environ 50 lys, et vînmes camper dans une vallée nommée Nalinkeou ; nous grimpâmes d'abord, en allant droit au nord, une assez haute montagne qui est immédiatement au-dessus de la colline où nous avions campé ; cette montagne est rude à monter pour les chariots, parce qu'il y a des endroits roides et pierreux. Lorsque nous fûmes sur le sommet, nous trouvâmes que le grand chemin se fourchait en trois autres chemins, nous prîmes celui qui est le plus à gauche et qui va au nord-ouest, un peu davantage vers l'ouest : nous marchâmes ensuite toujours sur des hauts et des bas, et nous descendîmes par une pente douce et presque insensible. Tout le pays que nous vîmes, paraît fort bon, et plein de beaux pâturages. Il y a de l'apparence que pour être fertile, il ne lui manquerait que d'être cultivé : on trouve dans les bas de petits ruisseaux qui arrosent les terres. J'étais surpris qu'un si beau pays fût désert : nous ne vîmes qu'en un seul endroit trois ou quatre misérables tentes de Tartares Mongous, auprès desquelles paissait un troupeau de vaches. Il est vrai que durant tout le jour nous ne vîmes pas un seul arbre ; mais il est probable que si on y en plantait, ils y viendraient fort bien. Lorsque nous arrivâmes vers la vallée où nous devions camper, un officier de l'empereur vint au devant de nos ambassadeurs, leur présenta quatre cents bœufs et plusieurs troupeaux de moutons, jusqu'au nombre de 6.000 que Sa Majesté avait donné ordre de nous fournir dans cette plaine, qui est destinée à nourrir ses troupeaux. Nous campâmes le long du ruisseau qui passe au milieu de la vallée de Nalinkeou : cette vallée et toute les collines voisines sont remplies de bons pâturages. Le soir tous les mandarins s'assemblèrent à la tente d'un des ambassadeurs, et nous remerciâmes tous ensemble l'empereur de la provision qu'il nous avait envoyée, en baissant neuf fois la tête jusqu'à terre selon la coutume. Il n'a pas fait aujourd'hui si froid le matin qu'hier : et l'après-midi, un bon vent du sud-ouest nous a garanti de la chaleur. Le 7 nous fîmes 70 lys, mais la plus grande partie en tournant autour de