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mais elle n’est pas là plus considérable que celle de l'autre côté, de sorte qu'elle ne peut servir qu'à empêcher les bêtes de Tartarie d'entrer à la Chine ; car pour les hommes s'ils avaient une fois grimpé sur ces montagnes, ils n'auraient guère de peine à la passer, ou la renverser : outre que n'y ayant point de remparts du côté de la Chine, de dessus lesquels on la puisse défendre, elle ne sert pas plus à fermer l'entrée de l'empire, qu'à empêcher d'en sortir. Nous allâmes diner à Hia pou chez un riche marchand de là, qui avait préparé un festin à Kiou kieou dont il était connu. Hia pou est une petite ville au pied des montagnes, qui terminent l'empire de la Chine de ce côté là ; elle est environnée de murailles épaisses de briques, de trente-cinq à quarante pieds de hauteur ; elle a deux portes, entre lesquelles elle a une place d'armes ; elle est fort peuplée, et comme c’est une des portes de la Chine, on y fait un gros commerce. On me dit qu'une partie des caravanes de Mores qui viennent des Yusbeks et de la Perse, entraient par là, et que c'était là aussi que trafiquaient une partie des Tartares d'ouest : c’est pourquoi on y a établi une douane. En sortant de cette ville, nous vînmes au nord, tirant un peu à l'est pour passer la grande muraille, par une porte qui est placée entre deux montagnes d'un roc escarpé. La muraille, qui occupe la gorge de ces deux montagnes, est fort élevée et fort épaisse. Il y a au milieu une grande porte, qu'on appelle Tchang kia keou, dont les battants qui la ferment sont couverts de lames de fer armées de gros clous. Nous trouvâmes à cette porte une garde nombreuse : c'est là proprement que nous entrâmes en Tartarie. Nous vînmes camper à 12 ou 15 lys de la porte, en suivant une petite vallée, qui tourne entre deux chaînes de montagnes, la plupart de rochers escarpés, le long d'une petite rivière, qui n'est proprement qu'un ruisseau. Notre camp s'étendait dans cette vallée jusqu'à 5 ou 600 pas de la porte de la grande muraille. On nous apporta le soir quantité de rafraîchissements de Hia pou. Il fit très grand froid la nuit et le matin, tandis qu'un petit vent de nord souffla. Le vent de sud causa l'après-diner une grande chaleur. Le 5 nous fîmes 50 lys : la route fut au nord tant soit peu vers l'ouest tout compensé ; nous marchâmes toujours dans une vallée fort étroite ; nous fîmes d'abord environ 25 lys au nord-est ; là le grand chemin se coupe en deux, l'un à droite qui continue au nord-est, et l'autre à gauche, presque à angle droit qui va au nord-ouest. Nous prîmes celui-ci, qui est dans une petite vallée, et qui est peu battu. Les montagnes ne sont plus là si hautes, et ressemblent presque à des collines. Cette vallée se termine aussi par une colline, sur laquelle nous campâmes auprès de plusieurs fontaines, dont l'eau est très bonne et très fraîche 1. Nous ne trouvâmes sur toute notre route que quelques huttes de terre