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pour leur faire leurs compliments, et présenter leurs papiers de visite : c'est un papier en forme de livret appelé Cheou puen, que les petits mandarins ont coutume de présenter aux grands mandarins. Le treizième nous fîmes 65 lys presque toujours au nord, jusques à Suen hoa fou, qui est éloigné un peu plus de 50 lys du lieu où nous avions campé ; nous passâmes d'abord dans un détroit de montagnes, en suivant la rivière de Yang ho : ce détroit est fort étroit et raboteux : il y a des endroits où il ne saurait passer huit ou dix hommes de front. Après avoir passé au-delà de ces montagnes, nous marchâmes quelque temps sur des hauteurs et des collines qui sont en grand nombre, et dont une partie est cultivée, après quoi nous descendîmes dans une grande plaine, dont le terroir est excellent. Nous ne découvrions plus de si hautes, ni de si affreuses montagnes : ce n'était de côté et d'autre que des collines. Au bout de cette plaine nous trouvâmes la ville de Suen hoa fou qui est assez grande et fort peuplée : il y a un double faubourg qui est fermé de murailles toutes de briques, et défendues par des tours assez près l'une de l'autre : nous passâmes au travers d'une rue aussi large que le sont plusieurs des grandes rues de Peking, et qui va d'un bout de la ville à l'autre : cette rue est pleine d'arcs de triomphe de bois qui ne sont pas éloignés de plus de 15 ou 20 pas les uns des autres : il y a trois portes à l'entrée et à la sortie de la ville, entre lesquelles sont des places d'armes. Les murailles ont plus de trente pieds de hauteur, et les battants des portes sont couverts de lames de fer armées de clous, dont la tête est grosse comme un œuf. Le faubourg, qui est au nord a une rue fort longue et fort large. Des arbres plantés en allées des deux côtés de la rue lui donnent un grand agrément : toute la campagne aux environs est cultivée, et le terroir en est bon : elle est peu éloignée de la petite rivière de Yang ho. Après avoir passé la ville, nous tournâmes d'abord un peu à l'est, puis au nord pour passer sur des collines qui conduisent dans une autre plaine, et lorsque nous fûmes sur ces collines, nous nous aperçûmes que les hautes montagnes que nous avions auparavant perdues de vue, continuaient au nord et au nord-est. Je vis des tours bâties sur les sommets de ces montagnes, mais je ne vis pas qu'il y eût des murailles entre ces tours : nous avons aussi trouvé sur le chemin des forts et des tours comme les jours précédents. Il y avait dans la plupart quatre ou cinq soldats de garde. Nous avons depuis reconnu en approchant de plus près, que c'était la grande muraille qui continuait le long de ces montagnes. Nous campâmes sur les bords d'une petite rivière, que je crois toujours être le Yang ho : elle passe à 100 ou 150 pas des montagnes qui sont au sud-ouest, et à 2.000 pas de celles qui sont au nord : nous eûmes toute la matinée un vent de nord fort grand : le froid était si piquant, que je fus obligé de prendre deux casaques de drap pour m'en garantir : sur les dix heures il tomba quelques gouttes de pluie qui abattirent un peu le vent, après quoi le temps devint serein.