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plutôt que comme c’est l'unique passage qu'il y ait de ce côté là, on y a fait différentes enceintes, qui vont jusques sur les pointes de rochers inaccessibles : pour monter le long de ces murailles, on a pratiqué des escaliers de côté et d'autre, dans l'épaisseur même du mur. Il y a plusieurs endroits où cette muraille est construite de bonnes pierres de taille, et où elle est fort épaisse et haute à proportion. A toutes les portes on trouve des bourgs semblables à celui qui est à la première entrée : un de ces bourgs pourrait passer pour une petite ville. La porte par laquelle on y entre, ressemble assez à un arc de triomphe. Elle est toute de marbre, et a environ 30 pieds d'épaisseur, avec des figures en demi-relief jusqu'à la voûte. Tous ces bourgs qui sont ainsi placés dans le détroit de ces montagnes, sont autant de places d'armes et de forteresses propres à arrêter les Tartares occidentaux, qui voudraient pénétrer dans l'empire : outre qu'ils sont fermés de bonnes murailles garnies de tours à une certaine distance, il y a toujours à l'entrée et à la sortie deux ou trois portes, entre lesquelles se trouvent des places d'armes. Les battants de ces portes sont couverts de lames de fer, ou plutôt ils l'étaient autrefois : car à présent ils en sont à moitié dégarnis, et le bois en est presque pourri : de même les murailles en quelques endroits tombent en ruine, sans qu'on songe à les réparer. La plus grande partie néanmoins est dans son entier et ne se dément point. Quand nous eûmes passé quatre ou cinq de ces bourgs et autant d'enceintes différentes, nous commençâmes à descendre dans une plaine qui s'ouvre insensiblement, les montagnes s'écartant peu à peu les unes des autres. Alors nous découvrîmes une grande enceinte qui va joindre la grande muraille : toutes celles que je viens de décrire, ne sont à proprement parler, que des retranchements. Cette grande enceinte s'étend à l'est et à l'ouest, le long des montagnes, sans aucune interruption ; car elle descend jusque dans des précipices, et monte jusque sur la cime de rochers inaccessibles : de sorte que l'on peut dire que cet ouvrage n’est pas de grande utilité pour la défense de l'empire, dont l'entrée est assez défendue de ce côté-là par ces chaînes de montagnes, à travers lesquelles on ne peut passer que par des défilés, où deux ou trois cents hommes arrêteraient la plus nombreuse armée, et lui empêcheraient le passage. Quoique les montagnes qui sont des deux côtés de ces forteresses paraissent inabordables, et que les Chinois croyant qu'il est impossible de les passer, négligent quelquefois de les garder, cependant les Tartares Mantcheoux sont entrés une fois par les montagnes qui sont à l'orient de ces forteresses, ayant amusé les troupes chinoises qui étaient en grand nombre à la garde de ces forteresses, par lesquelles seules ils croyaient qu'il fût possible de passer. Ces Tartares laissèrent leur bagage et leur camp, vis-à-vis de ces forteresses, faisant semblant de les vouloir traverser, et cependant ils se coulèrent une nuit à travers les montagnes voisines, et vinrent se saisir d'une ville, qui est