Page:Du halde description de la chine volume 4.djvu/114

Cette page n’a pas encore été corrigée

pitaine des gardes du corps et ministre d'État : le second Tong laoyé chef d'un étendard impérial, et oncle maternel de l'empereur. Il les fit accompagner par plusieurs mandarins de divers ordres : il nous fit l'honneur en même temps de nous nommer le père Thomas Pereira jésuite portugais, et moi pour être du voyage, afin que, si dans les conférences les Moscovites voulaient s'expliquer en latin, ou en quelque autre langue de l'Europe, nous pussions servir d'interprètes. Comme l'empereur voulut donner quelque gratification aux principaux mandarins avant leur départ, on lui en présenta les noms le cinquième de mai. Voyant que nos noms n'étaient point sur la liste, il dit à ses officiers qu'on avait oublié les noms des Pères, et qu'il voulait qu'ils fussent traités comme les mandarins du second et du troisième ordre. Il nous fit donner le même jour plusieurs pièces de soie, il nous fit encore quelque temps après des présents, et ordonna que nous irions de compagnie avec Tong laoyé son oncle, que nous mangerions à sa table, et que nous serions assis auprès de lui dans les conférences. Les deux plénipotentiaires ayant eu leur audience de congé de l'empereur le 29 de mai 1688, ils partirent le lendemain matin. Le vingt-neuf nous allâmes au palais pour prendre congé de l'empereur : les deux ambassadeurs, et les principaux mandarins qui étaient du voyage, eurent audience de Sa Majesté. Elle retint quelque temps en particulier Kiou kieou 1, So san et Ma laoyé. Elle rentra ensuite dans l'intérieur du palais, et leur envoya quelque temps après à chacun un cheval, et une épée avec le cordon jaune. Je vis donner un arc à chacun des deux ambassadeurs ; un arc et un quatrième cheval pour un autre mandarin, c'était pour Pa laoyé, président du Tribunal, lequel a vue sur les étrangers qui viennent à la Chine par terre : c’est un des quatre premiers envoyés qui avaient pris les devants. Il envoya encore deux vestes longues des plus riches brocards de la Chine, ornées de dragons en broderie et de boutons d'or, c'était pour So san laoyé et pour Kiou kieou. Pour nous, nous ne vîmes point l'empereur, parce qu'il ne nous fit point appeler : nous parlâmes seulement à Tchao laoyé, lorsque l'empereur se fut retiré, et nous lui dîmes que nous venions prendre congé de Sa Majesté, et recevoir ses derniers ordres : il alla aussitôt en rendre compte à l'empereur, qui nous fit dire qu'il nous souhaitait un heureux voyage, et qu'il nous recommandait d'avoir soin de notre santé, et de ne pas prendre trop de fatigues. Il ajouta que Sa Majesté voulait encore nous faire quelque présent. En effet, le même Tchao vint après dîner nous apporter à chacun une veste longue des plus beaux brocards de la Chine, avec les dragons, mais sans broderie. Il n'y a que l'empereur et les princes du sang qui puissent porter de cette sorte d'étoffe, à moins que Sa Majesté n'en fasse présent, et