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faire une grande partie du voyage par des lieux peu habités, on fut obligé de faire porter tout ce qui était nécessaire pour le voyage, et même des vivres pour plus de trois mois. C'est pourquoi l'on envoyait devant, par les chemins qu'on avait fait à côte de celui de l'empereur, une infinité de chariots, de chameaux, de chevaux, et de mulets pour porter le bagage. Outre cela l'empereur, les régulos, et presque tous les Grands de la cour faisaient suivre un grand nombre de chevaux de main, pour en changer de temps en temps. Je ne compte point les troupeaux de bœufs, de moutons, et d'autre bétail qu'on était obligé de mener. Quoique cette grande multitude d'hommes, de chevaux, et de troupeaux allât par un chemin assez éloigné de celui de l'empereur, elle excitait cependant une si horrible poussière, que nous marchions enveloppés d'un nuage si épais, que nous avions de la peine à distinguer de 15 ou 20 pas ceux qui marchaient devant nous. La marche était si bien réglée, que cette armée campait tous les soirs sur le bord de quelque fleuve ou de quelque torrent. C'est pourquoi on faisait partir de grand matin les tentes et le bagage nécessaire, et les maréchaux des logis étant arrivés les premiers, marquaient le lieu le plus propre pour la tente de l'empereur, pour celles des reines, des régulos, des Grands de la cour, et des mandarins, selon la dignité d'un chacun, et selon le rang qu'ils tiennent dans la milice chinoise, qui est divisée en huit ordres, ou en huit étendards. Dans l'espace de trois mois nous fîmes environ 1.000 milles en avançant vers l'orient d'été, et autant au retour. Enfin nous arrivâmes à Chan hai, qui est un fort situé entre la mer méridionale et les montagnes du nord. C'est là où commence cette muraille célèbre qui sépare la province de Leao tong, de celle de Pe tche li, d'où elle s'étend fort loin du côté du nord, par dessus les plus hautes montagnes. Quand nous fûmes entrés dans cette province, l'empereur, les régulos, et les Grands de la cour quittèrent le grand chemin dont nous avons parlé, pour prendre celui des montagnes du nord, qui s'étendent sans interruption vers l'orient d'été. On y passa quelques jours à la chasse, qui se fit de cette sorte. L'empereur choisit trois mille hommes de ses gardes du corps, armés de flèches et de javelots. Il les dispersa de côté et d'autre, de sorte qu'ils occupaient un grand circuit autour des montagnes qu'ils environnaient de toutes parts. Ce qui faisait comme une espèce de cercle dont le diamètre était au moins de 3.000 pas. Ensuite venant à s'approcher d'un pas égal, sans quitter leur rang, quelque obstacle qu'ils trouvassent dans leur chemin, car l'empereur avait mêlé parmi eux des capitaines, et même des Grands de la cour pour y maintenir l'ordre, ils réduisaient ce grand cercle à un autre beaucoup moindre qui avait environ 300 pas de diamètre : ainsi toutes les bêtes qui avaient été enfermées dans le premier, se trouvaient prises dans celui-ci, comme dans un filet, parce que chacun mettant pied à terre, ils se serraient si