Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/646

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il est vrai que la forme des ou poey tse est inégale et irrégulière, comme celles des vessies d’ormes ; qu’ils sont couverts au dehors d’un duvet qui les rend doux au toucher ; qu’ils sont tapissés par dedans d’une poussière blanche et grise, semblable à celle qui se trouve dans les vessies d’ormes ; que parmi cette poussière on remarque de petits insectes desséchés, et qu’on n’y découvre aucun vestige d’ouverture par où ils aient pu s’échapper ; que ces espèces de vessies ou de pelotons se durcissent en se desséchant, et que leur substance, qui est une membrane résineuse, est transparente et cassante.

Cependant, nonobstant ces rapports avec les vessies d’ormes, ils ne sont pas regardés à la Chine comme une excrescence ou une production de l’arbre yen fou tse, où on les trouve : on y est persuadé que ce sont de petits vers, habitants de cet arbre, où ils produisent de la cire, qui se construisent ce petit logement, pour y avoir une retraite dans leur vieillesse, de même que les vers à soie forment les cocons où ils se logent : c’est-à-dire, que de leur bave gluante, qu’ils tirent des sucs de l’arbre, ils se bâtissent sur les feuilles et sur les branches une solitude, où ils puissent opérer en repos leur métamorphose, ou du moins y pondre sûrement leurs œufs, qui sont cette poussière dont les ou poey tse se trouvent remplis.

Aussi l’Herbier chinois les compare-t-il au nid de certains petits oiseaux, dont la figure est tout à fait bizarre : et c’est pour cela qu’on les appelle tchung tsang. Il assure de plus que ce sont autant de petits domiciles que se pratiquent ces vers. Lorsque le temps de la ponte approche, dit-il, tsiang y louou, ils se bâtissent une maison, tso fang : les vers à cire produisent de leur substance cette petite maison, de même qu’ils produisent la cire ; kié tching : ce terme est commun à l’une et à l’autre opération. Ainsi il paraît que les ou poey tse font comme une espèce de cocons, où ces vers, après avoir produit leur cire sur l’arbre, se renferment pour y pondre leurs œufs.

Il se trouve de ces ou poey tse qui sont gros comme le poing, mais ce n’est pas l’ordinaire : cela peut venir de ce qu’un ver extrêmement robuste, ou associé à un autre, comme il arrive quelquefois aux vers à soie, s’est renfermé dans le même domicile.

Le livre chinois dit : que l’ou poey tse est d’abord petit ; que peu à peu il se gonfle, il croît, et prend de la consistance ; qu’il devient quelquefois gros comme le poing ; que les moindres sont de la grosseur d’une châtaigne ; que la plupart ont une figure ronde et oblongue, que néanmoins il est rare qu’ils se ressemblent dans la figure extérieure ; que d’abord il est d’un vert obscur, de la couleur sans doute du ver qui l’a produit ; que dans la suite il devient un peu jaune ; qu’alors cette coque, bien qu’assez ferme, est pourtant très cassante ; qu’elle est creuse et vide en dedans, ne contenant qu’un ver ou de petits vers ; car le caractère chinois a l’une et l’autre signification.

Les gens de la campagne ont soin de cueillir les ou poey tse avant les premières gelées ; ils les font passer au bain-marie ; c’est-à-dire, qu’ils les