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croissent en un terrain sec sur les coteaux, sont regardées comme les meilleures. Celles qui sont légères, d’une couleur tirant sur le jaune, et qui croissent sur le bord des rivières, n’ont presqu’aucune vertu. Ces petites racines pulvérisées, au poids d’une drachme, guérissent les crachements de sang, et les hémorragies. Si l’on en faisait l’analyse, on leur trouverait peut-être plusieurs autres qualités que j’ignore. Ce que je viens de dire est tiré d’un écrit chinois donné par un médecin botaniste, qui a demeuré dans le lieu où croît cette racine. Il en a transporté dans la province de Kiang nan, où il fait son séjour, et assure qu’elle y vient fort bien : mais il n’a pas encore éprouvé si elle aura les mêmes vertus.


DE LA RHUBARBE.


Description.


Je sais que cette plante et ses propriétés sont très connues en Europe : peut-être néanmoins verra-t-on volontiers la description que j’en vais faire, telle qu’on l’a reçue d’un riche marchand chinois qui va l’acheter sur les lieux, et qui vient la vendre à Peking. Elle sera du moins plus exacte que celle qui nous a été donnée par le Sieur Pomet dans son Histoire générale des drogues.

Le tai hoang, ou la rhubarbe, croît en plusieurs endroits de la Chine. La meilleure est celle de Se tchuen : celle qui vient dans la province de Chen si et dans le royaume de Thibet, lui est fort inférieure : il en croît aussi ailleurs, mais qui n’est nullement estimée, et dont on ne fait ici nul usage. La tige de la rhubarbe est semblable aux petits bambous[1]. Elle est vide et très cassante : sa hauteur est de trois ou quatre pieds, et sa couleur d’un violet obscur. Dans la seconde lune, c’est-à-dire, au mois de mars, elle pousse des feuilles longues et épaisses. Ces feuilles sont quatre à quatre sur une même queue, se regardant, et formant un calice ; ses fleurs sont de couleur jaune, quelquefois aussi de couleur violette. A la cinquième lune elle produit une petite semence noire, de la grosseur d’un grain de millet. A la huitième lune on l’arrache ; la racine en est grosse et longue. Celle qui est la plus pesante et la plus marbrée en dedans, est la meilleure et la plus estimée. Cette racine est d’une nature qui la rend très difficile à sécher. Les Chinois, après l’avoir arrachée et nettoyée, la coupent en morceaux d’un ou de deux pouces, et la font sécher sur de grandes tables de pierre, sous lesquelles ils allument du feu. Ils tournent et retournent ces tronçons jusqu’à ce qu’ils soient bien secs. S’ils avaient des fours, tels que ceux d’Europe, ils ne se serviraient pas de ces tables. Comme cette opération

  1. Ce sont des cannes chinoises.