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Quand après la sueur qu’il faut procurer dès le commencement de la maladie, le pouls se tranquillise, et que la fièvre cesse, tout va bien. Mais si même après la sueur le feu et l’inquiétude continuent, si le pouls est aussi peu réglé qu’auparavant, point de guérison à espérer.

Il y a des maladies (fièvres malignes), causées par un poison, ou malin ferment chaud ; il y en a qui sont causées par un poison de nature froide. En voici les différents diagnostics et pronostics. Dans celles qui sont causées par un poison chaud, le malade paraît robuste ; il a des mouvements inquiets, violents, et convulsifs ; le visage lui devient rouge, il lui sort des marques rougeâtres ; il y a délire, pendant lequel il dit mille extravagances, et croit quelquefois voir des esprits. Ces accidents sont accompagnés assez souvent d’une diarrhée continuelle, et quelquefois d’une sueur par tout le corps. Le malade ouvre de temps en temps la bouche d’une manière extraordinaire ; on dirait qu’il va expirer[1]. Tout dangereux qu’est cet état, n’abandonnez pas le malade : usez de remèdes bénins, qui du moins ne puissent pas nuire. S’il passe le septième jour, il en reviendra peu à peu.

Quand le poison est de nature froide, il y a pesanteur par tout le corps, le dos est roide : le malade sent aux yeux et dans le bas ventre des douleurs insupportables, les lèvres deviennent bleuâtres. Le cœur se sent saisi du malin poison, et ne peut s’en défendre : les extrémités du corps deviennent froides : il y a nausée, diarrhée, râlement. Le pouls communément est profond et délié. Dans cette dangereuse extrémité, tout ce qu’on peut faire de mieux, c’est de travailler promptement à soutenir la chaleur naturelle à trois pouces au-dessous du nombril. Si le malade passe six jours sans mourir, il est sauvé.


Pronostics de diverses maladies par le pouls.


Dans l’enflure de ventre, si le pouls est élevé et fort, le mal se dissipe : s’il est épuisé et petit, le danger est grand ; et la cure, pour être heureuse, demande beaucoup de capacité et d’attention.

Dans les dysenteries, un pouls petit est bon : un fort et regorgeant est très mauvais.

Dans les délires et les manies, un pouls plein et fort, est bon. Que s’il se trouve profond et délié aux trois endroits où on le tâte, c’est très mauvais signe ; et je n’ai point encore ouï dire qu’aucun médecin ait guéri un pareil malade.

Dans la maladie, nommée siao ko (soif continuelle), le pouls vite et fort est bon : s’il est petit et comme vide, la maladie est considérable, on aura peine à la bien guérir.

Dans l’hydropisie aqueuse, quand le pouls est fort et élevé, si l’on ne guérit pas entièrement, du moins on n’en meurt pas sitôt : mais si

  1. Le chinois dit que la vie veut s’envoler.