Mon père, il y a un temps infini que vous me parlez : il me semble que je rêve, et je ne comprends rien à ce que vous me dites.
Puisque vous n’êtes pas encore au fait, il faut vous parler clairement. Le cruel habillé de rouge, c’est Tou ngan cou ; Tchao tun, c’est votre grand-père ; Tchao so, c’est votre père ; la princesse, c’est votre mère ; je suis le vieux médecin Tching yng ; et vous êtes l’Orphelin de la maison de Tchao.
Quoi ! Je suis l’Orphelin de la maison de Tchao ? Ah ! vous me faites mourir de douleur et de colère. (Il tombe évanoui.)
Mon jeune maître, revenez à vous.
Hélas ! vous me faites mourir. (Il chante.) Si vous ne m’aviez pas dit tout cela, d’où aurais-je pu l’apprendre ? Mon père, seyez-vous dans ce fauteuil, et souffrez que je vous salue. (Il le salue.)
J’ai relevé aujourd’hui la maison de Tchao ; mais hélas ! j’ai perdu la mienne : j’ai arraché la seule racine qui lui restait. (Il pleure.)
Oui, je le jure, je me vengerai du traître Tou ngan cou.
Ne faites pas un si grand vacarme, de crainte que Tou ngan cou ne vous entende.
J’y mourrai, ou il périra, le traître. (Il chante.) Mon père, ne vous inquiétez point : dès demain, après que j’aurai vu le roi et tous les Grands, j’irai moi-même tuer ce voleur. (Il chante en disant la manière dont il veut l’attaquer et le tuer.)
Demain mon jeune maître doit se saisir du traître Tou ngan cou ; il faut que je le suive, pour l’aider en cas de besoin.