année ; j’ai un fils de l’âge de notre très cher orphelin ; je le ferai passer pour le petit Tchao ; vous irez en donner avis à Tou ngan cou, et vous m’accuserez d’avoir caché chez moi l’orphelin qu’il fait chercher. Nous mourrons, moi et mon fils, et vous, vous élèverez l’héritier de votre ami, jusqu’à ce qu’il soit en état de venger ses parents ; que dites-vous de ce dessein ? Ne le trouvez-vous pas de votre goût ?
Quel âge dites-vous que vous avez ?
Quarante-cinq ans.
Il faut pour le moins vingt ans, pour que cet orphelin puisse venger sa famille. Vous aurez alors soixante-cinq ans, et moi j’en aurai quatre-vingt-dix : comment à cet âge-là pourrais-je l’aider ? O Tching yng, puisque vous voulez bien sacrifier votre fils, apportez-le moi ici, et allez m’accuser à Tou ngan cou, en lui disant que je cache chez moi l’orphelin qu’il veut avoir. Tou ngan cou viendra avec des troupes entourer ce village ; je mourrai avec votre fils, et vous élèverez l’orphelin de Tchao, jusqu’à ce qu’il puisse venger toute sa maison. Ce dessein est encore plus sûr que le vôtre ; qu’en dites-vous ?
Je le trouve aussi bon, mais il vous coûterait trop cher ; donnons plutôt les habits du petit Tchao à mon fils ; allez me déférer au tyran, et moi et mon fils, nous mourrons ensemble.
Ce que j’ai dit est une chose résolue ; ne songez pas à vous y opposer. (Il chante.) Encore vingt ans, et nous sommes vengés. Serais-je assez heureux pour vivre jusque là ?
Seigneur, vous avez encore de la force.
Je ne suis plus ce que j’ai été, mais je ferai ce que je pourrai : Tching yng, suivez mon conseil.
Vous étiez tranquille chez vous, et moi sans savoir ce que je faisais, je suis venu vous apporter ce malheur : j’en suis fort fâché.