Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/392

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


HISTOIRE


L’exemple suivant fait voir qu’en pratiquant la vertu,
on illustre sa famille.


Suivent quatre vers, dont voici le sens :


Le bien et le mal qui éclatent,
Attirent un bonheur ou un malheur sensible ;
C’est là ce qui détourne du vice,
C’est là ce qui anime à la vertu.


Une famille d’une condition médiocre habitait à Vou si, ville dépendante de la cité de Tchang tcheou, dans la province de Kiang nan. Trois frères composaient cette famille : l’aîné s’appelait Liu le Diamant, le cadet, Liu le Trésor, et le troisième, Liu la Perle. Celui-ci n’était pas encore mûr pour le mariage ; les deux autres étaient mariés. La femme du premier, s’appelait Ouang, et celle du cadet, se nommait Yang. Elles avaient l’une et l’autre toutes les grâces qui donnent de l’agrément aux femmes.

Liu le Trésor, n’avait de passion que pour le jeu et le vin : l’on ne voyait en lui nulle inclination vers le bien : sa femme était du même caractère, et n’était nullement portée à la vertu, bien différente en cela, de Ouang sa belle-sœur, qui était un exemple de modestie et de régularité. Ainsi quoique ces deux femmes vécussent ensemble d’assez bonne intelligence, leurs cœurs n’étaient que faiblement unis.

Ouang eut un fils, surnommé Hi eul, c’est-à-dire, fils de la réjouissance. Ce jeune enfant n’avait encore que six ans, lorsqu’un jour s’étant arrêté dans la rue avec d’autres enfants du voisinage, pour voir passer une procession solennelle, il disparut dans la foule, et le soir il ne revint pas à la maison.

Cette perte désola le père et la mère. Ils firent afficher partout des billets ; il n’y eût point de rues où l’on ne fît des enquêtes. Mais toutes les perquisitions furent inutiles : on ne put apprendre aucune nouvelle de ce cher fils. Liu, son père, était inconsolable ; et dans l’accablement de tristesse où il était, il songea à s’éloigner de sa maison, où tout lui rappelait sans cesse le souvenir de son cher Hi eul. Il emprunta d’un de ses amis une somme pour faire un petit commerce de côté et d’autre aux environs