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l’obscuration ; qu’enfin ils ont beaucoup plus remarqué de comètes et de nouvelles étoiles, que nos astronomes européens n’en ont observé. Toutes ces observations, tant d’éclipses que de comètes et de conjonctions, ne servent pas peu à assurer leur chronologie.

Leur année est composée de trois cent soixante-cinq jours, et un peu moins de six heures, et sur l’époque réglée du solstice d’hiver, qui était le point fixe de leurs observations, comme le premier degré du signe du Bélier est le nôtre, comptant de cent en cent degrés, ils calculaient les mouvements des planètes, et ajustaient toutes choses avec des tables d’équations. Il y en a qui conjecturent qu’ils les ont reçues des Arabes, qui entrèrent avec les Tartares dans la Chine. Ils avaient bien longtemps auparavant la science des nombres, sous laquelle ils voilaient les secrets de leur politique, qui ne s’enseignaient qu’aux princes. Ils avaient déjà depuis longtemps un grand observatoire sur une haute montagne auprès de Nan king avec des édifices et des instruments propres à observer. Tous ces instruments étaient de bronze jeté, et si bien faits pour la variété de leurs ornements, que le père Matthieu Ricci, qui les vît l’an 1599, avoue qu’il n’en a point vu de si beaux en nul endroit de l’Europe. Il y avait plus de 250 ans qu’ils étaient exposés à toutes les injures de l’air, sans avoir reçu le moindre dommage.

Entre ces instruments était un grand globe, avec tous les cercles parallèles et les méridiens gravés et distingués par degrés. Il était si grand que trois hommes n’auraient pu l’embrasser. Il était élevé sur un grand cube de bronze, et ce cube s’ouvrait d’un côté pour faire entrer au dedans un homme qui put tourner ce globe, selon qu’il était nécessaire, et au gré des observateurs. Il n’y avait sur ce globe, ni figures d’étoiles, ni figure de terre ou de pays. Ainsi il servait également pour les observations du ciel et de la terre.

Il y avait en second lieu une sphère de deux brasses de diamètre avec son horizon, et à la place des cercles étaient des armilles doubles, dont les travers représentaient les cercles ordinaires de la sphère, et tous étaient divisés en trois cent-soixante-cinq degrés, et chaque degré en autant de minutes. Au milieu du globe de la terre était une espèce de canon d’arquebuse percé, qui se tournait de tous côtés au gré des observateurs, pour regarder les étoiles, et pour en marquer le lieu sur les degrés que marquait la situation de ce canon.

Le troisième instrument était un cadran élevé de quatre ou cinq brasses sur une grande table de pierre tournée directement au nord, avec un petit canal pour s’assurer par le moyen de l’eau, si la pierre était à plein sur l’horizon, et le style à angles droits : l’un et l’autre étaient divisés par degrés, pour observer par le moyen de l’ombre les vrais points des solstices et de l’équinoxe.

La plus grande des machines était composée de trois ou quatre astrolabes joints l’un à l’autre avec leur alidade et leurs pinnules, pour observer : l’un incliné au midi représentait l’équinoxial, l’autre qui le croisait, représentait le méridien. Celui-ci était mobile pour le conduire où l’on