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terres, et à en marquer les bornes et l’étendue. La méthode dont ils usent pour arpenter, est facile et très sûre.





DES AUTRES PARTIES DES MATHÉMATIQUES.


Les autres parties des mathématiques, si l’on en excepte l’astronomie, dont je parlerai bientôt, ont été entièrement inconnues aux Chinois. Ce n’est que depuis un peu plus d’un siècle, et depuis l’entrée des premiers Missionnaires jésuites dans leur empire, qu’ils se sont aperçus de leur ignorance.

Cette nation naturellement orgueilleuse, se regardait comme la plus savante du monde, et elle jouissait en paix de cette réputation, parce qu’elle ne connaissait aucune autre nation qui ne fût moins éclairée qu’elle. Elle fut détrompée par l’habileté des missionnaires qui parurent à la cour. L’idée que ces missionnaires donnèrent de leur capacité, servit beaucoup à accréditer leur ministère, et à faire estimer la religion qu’ils prêchaient.

Le feu empereur Cang hi, dont la passion favorite était d’acquérir tous les jours de nouvelles connaissances, ne se lassait pas de les voir et de les entendre. Les jésuites de leur côté, voyant combien la protection de ce grand prince était nécessaire au progrès de l’Évangile, n’oublièrent rien pour piquer sa curiosité, et contenter le goût naturel qu’il avait pour les sciences.

Ils lui donnèrent d’abord la connaissance de l’optique, en lui présentant un demi-cylindre d’une grandeur raisonnable, et qui était d’un bois fort léger. On avait mis au milieu de son axe un verre convexe, que l’on tournait vers les objets pour faire entrer au-dedans de ce tube les images qui s’y peignaient au naturel.

L’empereur, à qui ce spectacle était nouveau, y prit beaucoup de plaisir. Il souhaita qu’on lui fît dans son jardin de Peking une machine semblable, par laquelle, sans être aperçu, il pût voir tout ce qui se passerait dans les rues et les places voisines.

On prépara pour cela un verre objectif du plus grand diamètre ; et l’on fit dans la plus épaisse muraille du jardin une grande fenêtre en pyramide, dont la base donnait dans le jardin et la pointe vers la place. À cette pointe on plaça l’œil de verre vis-à-vis du lieu où il y a le plus grand concours de peuple. A la base on fit un assez grand cabinet fermé de tous côtés, et fort obscur.

Ce fût là que l’empereur vint avec les reines, pour considérer les vives images de tout ce qui se passait dans la place ; et cette vue lui plût extrêmement ; mais elle charma surtout les princesses qui ne pouvaient jouir autrement de ce spectacle, la coutume de la Chine ne leur permettant pas de sortir du palais.