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ou ennemi des chrétiens, a dans la loi, ou une raison, ou un prétexte de s’opposer à tout nouvel établissement, sans qu’on puisse blâmer sa conduite.

C’est ce qu’éprouvèrent en différents temps quelques ecclésiastiques français, et des religieux de différents ordres, lorsqu’ils voulurent s’établir dans les provinces. Les Pères franciscains venus de Manille furent traversés dans le dessein qu’ils avaient de s’établir à Ngan king, dans la province de Kiang nan ; le père Aleonissa, dans sa maison de Nan king que lui avait laissé D. Grégoire Lopez, évêque de Basilée, Chinois de nation, qui d’abord avait été élevé par les Pères de saint François, et qui étant devenu religieux de l’ordre de saint Dominique, avait été, durant la persécution, le plus ferme appui de la religion dans toutes les provinces ; M. le Blanc, à Emouy, et dans la province de Yun nan ; M. Maigrot évêque de Conon, et vicaire apostolique dans la province de Fo kien ; M. l’évêque d’Argolis, évêque de Peking, qui avait acheté une maison à Lin tcin sur les frontières de Pe tche li et de Chan tong ; MM. Basset, Appiani, de la Baluere, et Mullener, dans la province de Se tchuen. Enfin plusieurs autres, dont le détail serait trop long, trouvèrent des obstacles, qui ne purent être levés que par de fortes recommandations, que le père Gerbillon obtint de ses amis de la cour, auprès des vice-rois, et des gouverneurs des provinces.

Non obstant le zèle avec lequel ce Père et les autres jésuites de Peking, s’employèrent en faveur de ces différents missionnaires, il y eut des gens, qui ne rougissant point de hasarder les plus grossières calomnies, lorsqu’il s’agit des jésuites, affectèrent de répandre en Europe, que ces Pères se déclaraient contre tous les autres missionnaires, et s’opposaient de toutes leurs forces à leurs établissements ; mais ils furent démentis, et par les lettres de remerciement que ces missionnaires écrivirent au père Gerbillon, où quelques-uns d’eux l’appelaient un autre Joseph, qui se servait de la faveur que Dieu lui avait donnée auprès de l’empereur, pour l’utilité de cette mission et de ses ministres ; et par le compte qu’ils en rendirent à la Sacrée Congrégation, qui chargea monseigneur le nonce d’en témoigner sa satisfaction au père de Fontaney, durant le séjour qu’il fit en France.


« La Sacrée Congrégation, lui dit Son Excellence, ayant appris par les lettres qu’elle a reçues des évêques, des vicaires apostoliques, et de plusieurs missionnaires de la Chine, avec quel zèle les jésuites français se sont employés, depuis qu’ils sont dans cette mission, à soutenir la religion, et à rendre aux autres missionnaires tous les services, que la bienveillance de l’empereur les a mis en état de leur rendre, a cru devoir donner à ces Pères, un témoignage authentique de la satisfaction qu’elle a de leur conduite. Ainsi, dans une lettre signée par M. le cardinal Barberin, préfet de la Sacrée Congrégation, et par monseigneur Fabroni, Secrétaire de la même Congrégation, elle me charge de vous remercier de sa part ; de vous témoigner combien elle est sensible à tout ce que vous, et les autres jésuites vos compagnons, avez