Page:Du halde description de la chine volume 3.djvu/105

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’il est bon de la leur faire connaître. Ensuite il commanda qu’on bâtit une église, et il nomma vingt-une personnes pour en avoir soin.

« Le fils de Tai tsong, nommé Kao, lui succéda l’an 651, et s’appliqua à faire fleurir la religion que son père avait reçue. Il fit de grands honneurs à l’évêque Olopüen, et bâtit dans toutes les provinces des temples au vrai Dieu. De sorte que les bonzes, quelques années après, alarmés du progrès que le christianisme avait fait, tâchèrent par toutes sortes de moyens d’en arrêter le cours.

« La persécution fut grande, et le nombre des fidèles commençait à diminuer, quand Notre-Seigneur suscita deux personnes extrêmement zélées, qui défendirent la foi avec tant d’ardeur, qu’elle reprit en peu de temps son premier éclat. L’empereur de son côté contribua de plus en plus à l’affermir ; jusque là qu’il ordonna aux cinq rois d’aller à l’église, de se prosterner devant les autels, et d’en élever d’autres en plusieurs villes en l’honneur du Dieu des chrétiens. Ainsi la colonne ébranlée par les efforts des bonzes, devint plus solide et mieux établie que jamais.

« Cependant le prince continua de donner des marques de sa piété ; il fit porter les tableaux de ses prédécesseurs à l’église : il offrit lui-même sur les autels cent pièces de soie : il honora extraordinairement un missionnaire Ki ho, qui était nouvellement arrivé de la Judée ; et durant tout le cours de sa vie, il n’oublia rien de ce qui pouvait contribuer à étendre la foi dans ses États.

« Un de ses successeurs en l’année 657 hérita de sa vertu aussi bien que de l’empire. Il bâtit cinq églises. Ses autres grandes qualités, aussi bien que l’amour de la religion, l’ont rendu célèbre.

« Les empereurs suivants ont encore affermi le christianisme par leurs édits et par leurs exemples. Il y en a pour qui nous prions sans crainte. Ils étaient humbles, pacifiques : ils supportaient les défauts de leur prochain : ils faisaient du bien à tout le monde. Voilà le véritable caractère du chrétien, et c’est par cette voie que la paix et l’abondance entrent dans les plus grands États.

« D’autres ont pratiqué les œuvres de la charité la plus fervente. L’empereur So tsong a fait des offrandes aux autels, et bâti des églises. Outre cela il assemblait tous les ans les prêtres de quatre églises qu’il servait lui-même avec respect durant quarante jours ; il donnait à manger aux pauvres ; il revêtait ceux qui étaient nus ; il guérissait les malades ; il ensevelissait les morts. C’est pour conserver la mémoire de ces grandes actions, et pour faire connaître à la postérité l’état présent de la religion chrétienne, que nous élevons ce monument l’an 782. »

Un témoignage si authentique ne laisse aucun lieu de douter que la foi n’ait été prêchée à la Chine, et que plusieurs ne l’aient embrassée : mais je n’oserais assurer que les empereurs, dont on loue les vertus, méritent les éloges qu’on leur donne : du moins est-il vrai de dire, que