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pour exhorter le peuple à s’adonner sans relâche à l’agriculture. Tel est l’ordre qui s’observe dans cette cérémonie.

Au commencement du printemps chinois, c’est-à-dire, dans le mois de février, le tribunal des Mathématiques ayant eu ordre d’examiner quel était le jour convenable à la cérémonie du labourage, détermina le 14 de la deuxième lune, et ce fut par le tribunal des rits que ce jour fut annoncé à l’empereur par un mémorial, où l’on avait marqué ce que ce prince devait faire pour se préparer à cette fête.

Selon ce mémorial, premièrement, l’empereur doit nommer les douze personnes illustres qu’il choisit pour l’accompagner, et labourer après lui ; savoir trois princes, et neuf présidents des Cours souveraines. Si quelques-uns des présidents étaient trop vieux ou infirmes, l’empereur nomme leurs assesseurs pour tenir leur place.

Secondement, cette cérémonie ne consiste pas seulement à labourer la terre, pour exciter l’émulation par son exemple, mais elle renferme encore un sacrifice que l’empereur comme grand pontife offre au Chang ti, pour lui demander l’abondance en faveur de son peuple. Or pour se préparer à ce sacrifice, il doit jeûner, et garder la continence les trois jours précédents. La même préparation doit être observée par tous ceux qui sont nommés pour accompagner Sa Majesté, soit princes, soit mandarins de lettres ou de guerre.

Troisièmement, la veille de la cérémonie, Sa Majesté choisit quelques seigneurs de la première qualité, et les envoie à la salle de ses ancêtres se prosterner devant la tablette, et les avertir, comme s’ils étaient encore en vie, que le jour suivant il offrira le grand sacrifice.

Voilà en peu de mots ce que le tribunal des rits marquait pour la personne de l’empereur : il déclarait aussi les préparatifs que les différents tribunaux étaient chargés de faire : l’un doit préparer ce qui doit servir au sacrifice ; un autre doit composer les paroles que l’empereur récite en faisant le sacrifice ; un troisième doit faire porter et dresser les tentes, sous lesquelles l’empereur doit dîner, au cas qu’il ait ordonné d’y porter un repas. Un quatrième doit assembler quarante ou cinquante vénérables vieillards laboureurs de profession, qui soient présents, lorsque l’empereur laboure la terre. On fait venir aussi une quarantaine de laboureurs plus jeunes, pour disposer la charrue, atteler les bœufs, et préparer les grains qui doivent être semés. L’empereur sème cinq sortes de grains, qui sont censés les plus nécessaires, et sous lesquels sont compris tous les autres, le froment, le riz, le millet, la fève, et une autre espèce de mil, qu’on appelle cao leang.

Ce furent là les préparatifs ; le vingt-quatrième jour de la lune, l’empereur se rendit avec toute sa cour en habit de cérémonie au lieu destiné à offrir au Chang ti le sacrifice du printemps, par lequel on le prie de faire croître, et de conserver les biens de la terre : c’est pour cela qu’il l’offre, avant que de mettre la main à la charrue : ce lieu est une élévation de terre à quelques stades de la ville du côté du midi. Il doit avoir cinquante pieds quatre pouces de hauteur. A côté de cette élévation est le champ, qui doit être labouré par les mains impériales.