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douceur de naturel, un travail, une adresse, et une application infatigable, est le plus capable de gouverner votre empire, et d’y maintenir les sages lois qui y sont établies. »

Yao également touché, et de la modestie de son ministre qui refusait le trône, et du récit qu’il lui faisait de ce jeune laboureur, lui ordonna de le faire venir, et l’obligea de demeurer à sa cour. Il observa ses démarches durant plusieurs années, et de quelle manière il s’acquittait des emplois qu’il lui confia : enfin se sentant accablé de vieillesse, il l’appela, et lui dit : « Chun, (c’était le nom du jeune homme) j’ai assez longtemps éprouvé votre fidélité, pour m’assurer que vous ne tromperez pas mon attente, et que vous gouvernerez mes peuples avec sagesse : je vous remets toute mon autorité, soyez leur père plutôt que leur maître et souvenez-vous que je vous fais empereur, non pour vous faire servir par vos peuples, mais pour les protéger, pour les aimer, et pour les secourir dans leurs besoins. Régnez avec équité, et rendez-leur la justice qu’ils attendent de vous. »

Ce choix d’un empereur tiré de la campagne, a inspiré aux Chinois une grande estime pour l’agriculture. Yu qui succéda à Chun, parvint au trône par la même voie.

Au commencement de la fondation de l’empire, plusieurs basses contrées se trouvèrent encore couvertes d’eaux : ce fut lui qui trouva le secret d’ouvrir divers canaux, pour les faire écouler dans la mer : il s’en servit ensuite pour fertiliser les campagnes ; il écrivit plusieurs livres, sur la manière de cultiver la terre en la fumant, en la labourant, et en l’arrosant pour la rendre plus féconde : ce fut là ce qui porta Chun à le nommer son successeur.

Tant de livres sur une matière si utile, qui sont les ouvrages d’un empereur, ont augmenté le crédit de l’agriculture, que l’on voit n’avoir pas été indigne des soins, et de l’application d’un grand prince.

Plusieurs autres empereurs ont donné des marques de leur zèle pour la culture des terres : Kang vang qui fut troisième empereur de la famille Tcheou, fit mesurer et arpenter les terres, par Tchao kong l’un de ses ministres : il visita lui-même toutes les provinces de ses États, et fit planter des bornes pour prévenir les disputes et les contestations des laboureurs. Tchao kong écoutait leurs plaintes, et leur rendait la justice sous un saule, qui fut longtemps en vénération parmi ces peuples.

King vang qui fut le vingt-quatrième empereur de la même famille, et qui régnait au temps que naquit Confucius, 531 ans avant la naissance de Jésus-Christ, fit un nouveau partage des terres, et renouvela les lois qui avaient été faites pour la culture des champs.

Enfin il n’y a point d’empereur qui ait tant contribué à l’estime de l’agriculture que Ven ti, qui régnait 179 ans avant la venue de Jésus-Christ ; car ce prince voyant que les guerres avaient ruiné son pays, assembla son Conseil pour délibérer sur les moyens de le rétablir, et pour engager ses sujets à la culture des terres, il leur en donna l’exemple lui même, en cultivant