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dans des terres sèches ; il est vrai que le riz est plus dur, et qu’il a besoin de cuire plus longtemps ; celles du midi, et surtout de Hou quang, de Kiang nan, de Tche kiang portent du riz, parce que les terres sont basses, et le pays aquatique.


De la manière d'ensemencer.

Les laboureurs jettent d’abord les grains sans ordre ; ensuite quand l’herbe a crû environ d’un pied ou d’un pied et demi, ils l’arrachent avec sa racine, et ils en font des bouquets ou de petites gerbes, qu’ils plantent au cordeau et en échiquier, afin que les épis appuyés les uns sur les autres, se soutiennent aisément en l’air, et soient plus en état de résister à la violence des vents.

Mais avant que de transplanter le riz, ils ont soin d’unir les terres et de les mettre toutes de niveau. C’est ainsi qu’ils s’y prennent : après avoir donné à la terre trois ou quatre labours consécutifs, toujours le pied dans l’eau, ils en rompent les mottes avec la tête de leur hoyau ; ensuite par le moyen d’une machine de bois, sur laquelle un homme se tient debout, et est tiré par un buffle qu’il conduit, ils aplanissent le terroir, afin que l’eau si nécessaire au riz, se distribue partout à une égale hauteur. De manière que ces plaines ressemblent plutôt à de vastes jardins, qu’à une simple campagne.

Dans les provinces, où les plaines sont mêlées de collines et de montagnes, il y en a de stériles en quelques endroits ; mais la plupart sont de bonne terre et on les cultive jusque sur les bords des précipices.

C’est un spectacle très agréable, de voir quelquefois des plaines de trois ou quatre lieues, environnées de collines et de montagnes, coupées en terrasses depuis le bas jusqu’au sommet. Ces terrasses se surmontent les unes les autres au nombre de vingt ou trente à la hauteur chacune de trois ou quatre pieds.

Ces montagnes ne sont pas d’ordinaire pierreuses comme celles d’Europe : la terre en est légère, poreuse et facile à couper, et même si profonde en plusieurs provinces, qu’on y peut creuser trois et quatre cents pieds sans trouver le roc.

Quand les montagnes sont pierreuses, les Chinois en détachent les pierres et en font de petites murailles pour soutenir les terrasses ; ils aplanissent ensuite la bonne terre, et y sèment le grain. Une entreprise si pénible fait assez voir combien le peuple de la Chine est laborieux : mais on le verra encore mieux par ce que je vais dire.

Quoiqu’il y ait dans quelques provinces, des montagnes désertes et incultes, les vallons et les campagnes qui les séparent en mille endroits, sont très fertiles et très bien cultivés ; on n’y voit pas un seul pouce de terre labourable, qui ne soit couvert du plus beau riz. L’industrie chinoise a su aplanir entre ces montagnes, tout le terrain inégal qui est capable de culture.

Les laboureurs divisent comme en parterres, celui qui est de même niveau, et par étages en forme d’amphithéâtre celui qui suivant le penchant des vallons, a des hauts et des bas : et comme le riz ne peut se passer d’eau, ils pratiquent partout de distance en distance, et à différentes élévations,