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mon empire est venu me donner des marques de sa joie, je vous fasse ressentir les effets de ma faveur impériale, et de l’estime que je fais de votre personne. C’est pourquoi par une grâce singulière et de notre propre mouvement, nous vous accordons le titre de grand homme, qui doit être partout rendu célèbre, et nous ordonnons que ce titre soit envoyé dans tous les lieux de notre empire, pour y être publié.

« Prenez de nouvelles forces à notre service. Ce titre d’honneur qui commence en votre personne, s’étend à tous vos parents et à tous ceux de votre sang ; vous avez mérité par vos soins et par votre application singulière, ces éloges et cette dignité ; et vos mérites sont si grands, qu’ils répondent entièrement à l’honneur que nous vous faisons. Recevez donc cette grâce avec le respect qui lui est dû. Vous êtes l’unique à qui je l’ai conféré ; que ce soit un nouveau motif d’employer pour notre service tous vos talents, et toutes les forces de votre esprit. »

De semblables titres d’honneur remontent, comme je l’ai dit, jusqu’aux ancêtres de celui qui les reçoit : tous ses parents s’en glorifient : ils les font écrire en divers lieux de leurs maisons, et jusque sur les lanternes qu’ils font porter devant eux, lorsqu’ils marchent pendant la nuit ; ce qui leur attire de grands respects.

Comme le P. Verbiest était européen, il n’avait pas de parents à la Chine qui pussent partager cet honneur avec lui : mais par un bonheur singulier pour la religion, tous les missionnaires, jésuites et autres, passaient pour ses frères, et étaient considérés sous ce titre par les mandarins. Ce fut cette qualité qui facilita à Monseigneur l’Evêque d’Héliopolis, son entrée à la Chine, et la plupart des religieux faisaient mettre ce titre sur la porte de leur maison.

Après avoir ainsi honoré le P. Verbiest, l’empereur communiqua les mêmes titres à ses ancêtres, par autant de patentes qu’il fit dresser : l’une, pour son aïeul nommé Pierre Verbiest ; l’autre, pour Paschasie de Wolff son aïeule ; la troisième, pour Louis Verbiest son père, et la quatrième, pour Anne Vanherke sa mère. Je ne rapporterai que celles qui concernent l’aïeul et l’aïeule du missionnaire, elles suffiront pour faire connaître le caractère d’esprit de cette nation.

Les patentes accordées à l’aïeul du P. Verbiest, étaient ainsi exprimées :

« Nous empereur etc. Les honneurs que nous accordons à ceux, qui par leur mérite se sont élevés aux dignités de mandarins et de premiers magistrats, se doivent rapporter aux soins de leurs ancêtres comme à leur source, puisque c’est par l’instruction, par l’éducation, et par les bons exemples qu’ils ont reçu d’eux, qu’ils ont pratiqué la vertu, et se sont rendus dignes de ces honneurs.

« C’est pourquoi voulant remonter jusqu’à la première source du mérite, j’étends jusqu’à vous mes bienfaits, Pierre Verbiest, qui êtes l’aïeul du père Ferdinand, que j’ai honoré du titre de, etc. votre vertu comme un arbre bien planté, a jeté de profondes racines, et ne tombera jamais : elle soutient encore votre postérité, et persévère dans votre