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un titre d’honneur particulier, en reconnaissance de ce qu’ils ont mis au monde, et élevé avec soin, un homme d’un mérite si distingué, et si utile à l’État.

Je n’en saurais donner un exemple plus solennel que celui du père Ferdinand Verbiest, jésuite flamand, président du tribunal des Mathématiques à la cour de Peking. Ce Père qui y avait été appelé pour aider le père Adam Schal en la réformation du calendrier, eut ordre de dresser des tables des mouvements célestes et des éclipses pour deux mille ans ; il y travailla avec soin, et il appliqua tous les mandarins de la première classe du tribunal de l’astronomie à calculer les mouvements des planètes, selon les règles qu’il leur donna. Enfin ayant achevé ce grand ouvrage, il en fit trente-deux volumes de cartes, avec leurs explications, et les présenta à l’empereur l’an 1678, sous ce titre : L’astronomie perpétuelle de l’empereur Cang hi.

Il se fit alors une assemblée générale des mandarins de tous les ordres, des princes, des vicerois, et des gouverneurs des provinces, qui étaient allés saluer l’empereur, et se réjouir avec lui de la déclaration qu’il avait fait de son fils pour son successeur à l’empire. Ce prince reçut agréablement le présent du père Verbiest, et fit mettre cet ouvrage dans les archives du palais : en même temps il voulut reconnaître le travail infatigable du Père, et pour cela il le fit président du tribunal du premier ordre, et lui donna le titre de cette dignité.

Le Père lui présenta une requête, où il remontrait que la profession religieuse qu’il avait embrassée, ne lui permettait pas d’accepter cet honneur : il ne fut pas écouté, et de crainte d’offenser l’empereur, et de nuire aux progrès de la religion dans l’empire, il lui fallut obéir. Voici la teneur des patentes, par lesquelles il lui conférait cette dignité.

« Nous empereur par ordre du Ciel, ordonnons : La forme d’un État bien réglé, demande que les belles actions soient connues, et que les services rendus à l’État avec une prompte volonté, soient récompensés, et reçoivent les éloges qu’ils méritent. Il est aussi du devoir d’un prince, qui gouverne sagement selon les lois, de louer la vertu, et d’exalter le mérite. C’est ce que nous faisons par ces lettres patentes, que nous voulons être publiées par tout notre empire, pour faire connaître à tous nos sujets, quel égard nous avons à des services, qui nous sont rendus avec tant d’application et de diligence.

« C’est pourquoi, Ferdinand Verbiest, à qui j’ai commis le soin de mon calendrier impérial, le naturel droit et sincère, et la vigilance que vous avez fait paraître à mon service, aussi bien que le profond savoir, que vous avez acquis par l’application continuelle de votre esprit en toutes sortes de sciences, m’ont obligé de vous établir à la tête de mon académie astronomique ; vous avez répondu par vos soins à notre attente, et travaillant jour et nuit, vous avez rempli les devoirs de cette charge ; enfin vous êtes heureusement venu à bout de tous vos desseins, avec un travail infatigable, dont nous avons nous-même été témoin.

« Il est convenable que dans la conjoncture d’une si grande fête, où tout