femme, et sa mère en particulier prit ce qu’elle avait dit sur les herbes y et feou, pour en faire une ode à sa louange.
Mong y, fille de Hoa fut promise à Hiao kong prince de Tsi. Ce prince tenta souvent de faire venir sa fiancée sans tant de cérémonies. Jamais Mong y n’y consentit. Comme Hiao kong différait toujours de faire les présents de noces et les cérémonies ordinaires, on lui donna par dérision le nom de chaste. Cela le pressa de faire enfin les frais des noces. Il vint lui-même, selon les rits, prendre Mong y chez Hoa son père. Mong y après s’être informée jusqu’à trois fois, si Hiao kong était venu en personne, se laissa conduire chez son époux. Quand elle fut arrivée, tout s’y passa suivant les rits et sa délicatesse sur les cérémonies eut lieu d’être contente.
Mais quelques années après, Hiao kong allant à Leang sie, voulut que Mong y fut du voyage. Le chariot qui la portait, versa, et fut brisé, sans cependant que Mong y en fut blessée. Hiao kong détache aussitôt un des meilleurs chariots de sa suite, pour la reconduire à Tsi, de peur de quelque autre accident. Mais ce chariot n’étant point un chariot de femme, Mong y n’y voulut point monter, et parlant au travers d’un rideau qu’elle avait dressé, à l’officier venu de la part du roi : une femme de ma condition, lui dit-elle, ne paraît pas même dans une salle sans ses deux dames d’honneur. Passe-t-elle d’un appartement à un autre ? Il faut qu’on entende le bruit qu’elle fait faire exprès aux ornements de ses habits. Quoiqu’elle sorte rarement, les rits ont cependant prescrit quels doivent être alors ses vêtements, quel doit être son équipage. Tout cela est sagement établi tant pour la bienséance extérieure, que pour conserver l’esprit et le cœur dans la droiture. Or ce chariot qu’on m’amène, n’est point dans l’ordre ; je ne puis pas m’en servir. Demeurer ici longtemps, c’est encore pis ; mourir, c’est le plus court, et je le ferai plutôt que de rien faire contre les rits. L’officier courut en poste rapporter ce discours au roi. On fit équiper promptement un chariot tel qu’il convenait, dans lequel Mong y revint à Tsi.
Tchao vang roi de Tsou, sortant pour un voyage de plaisir, y mena une de ses femmes, fille du roi de Tsi. Un jour qu’il l’avait laissée dans une petite île assez agréable, sur le bord du grand fleuve Kiang, il eut nouvelle d’une crue d’eau fort subite. Aussitôt il dépêcha quelques seigneurs de sa suite, avec l’ordre d’amener la princesse où il était. Ces seigneurs coururent en poste vers la princesse, l’invitèrent à sortir vite de cette île, et à se rendre auprès du roi, où ils avaient ordre de la conduire. Quand le prince nous appelle, répondit-elle, il donne son sceau à ceux qu’il envoie. L’avez-vous ? La crainte que les eaux ne vous surprissent, répondirent-ils, nous a fait partir à la hâte, et négliger cette précaution. Vous pouvez vous en retourner, repartit-elle, je ne vous suivrai point sans cela. Comme on lui représentait que la crue d’eau était fort subite, et paraissait devoir être grande, que s’ils retournaient chercher le sceau, ils ne pourraient revenir à temps. Je vois bien, qu’en vous suivant, je sauve ma vie, répondit-elle, et qu’en demeurant je vais périr. Mais pour éviter la mort, passer par-dessus une condition de cette importance, c’est manquer