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mes désirs. Je voudrais être à la tête de plusieurs princes, voir ma cour en bon ordre et fournie de bons officiers ; tenir mon peuple toujours tranquille et content, voir les gens de lettres s’appliquer à être utiles à l’État, et les saisons bien réglées. Si vous croyez que réellement tout cela soit possible, que pourrais-je faire pour y parvenir ? Confucius répondit : j’ai paru devant divers princes : ils m’ont tous fait des questions, mais aucun ne m’en a tant fait que vous. Je réponds cependant qu’à mon avis, tout cela est assez possible. Voici comment. Pour le premier article il suffit, dans l’état où je vois les choses, de contracter alliance avec vos voisins, sincèrement et de bonne foi. Pour le second, il faut être bon et libéral à l’égard de ceux qui vous approchent. Pour le troisième, ne maltraiter jamais un innocent, et punir sans rémission les coupables. Pour le quatrième, avancer les lettrés qui ont du mérite, et en laisser peu sans emploi. Pour le cinquième, honorer Tien, et respecter les esprits. Vous avez raison dit le roi, il n’y a rien en cela qui ne soit faisable.


Tong ngan yu étant nommé intendant du territoire de Tsin yang, pria Kien lao de lui donner en peu de mots quelque importante leçon sur le gouvernement des peuples. Kien lao répondit par ces trois mots : zèle, bonne foi, courage. Tong ngan yu le pria de s’expliquer un peu plus. Kien lao répondit : zèle et attachement pour le prince que vous servez ; bonne foi et droiture à soutenir les ordres que vous aurez donnés, et les personnes que vous aurez employées : courage et fermeté contre les méchants, de quelque rang qu’ils puissent être. Cela est net, dit Tong ngan yu, et j’en conçois l’importance.


Mi tse hien intendant du territoire de Tan fou, passait une partie de son temps à toucher son kin[1], et ne se donnait en apparence aucun mouvement. Cependant tout était dans l’ordre, et jamais les choses n’allèrent mieux. Ou ma ki lui succéda. Il maintint assez bien le bon ordre mais ce fut en se donnant jour et nuit beaucoup de peine. Ils se rencontrèrent ensuite tous deux. Ou ma ki dit à Mi tse hien : quand vous étiez à Tan fou, vous vous divertissiez presque tout le jour, et vous vous faisiez un jeu de votre intendance. Cependant à votre départ j’y trouvai tout en très bon ordre. Pour moi, je me suis donné bien des peines ; et tout ce que j’ai pu faire, a été de ne rien gâter. D’où vient je vous prie, cette différence ? C’est que moi, dit Mi tse hien en souriant, j’usais modérément de mes forces, et je faisais agir celles d’autrui ; vous, vous ne faisiez agir que les vôtres. En effet, les gens du pays les comparant l’un à l’autre, disaient, Mi tse hien est ce qui s’appelle un habile homme ; Ou ma ki n’en approche pas.


Tse kong nommé magistrat de Sin yang, avant que de partir pour s’y rendre, vint prendre congé de son maître Confucius. Celui-ci lui dit assez gravement : Prenez garde qu’étant en charge, il ne vous échappe ni violence, ni oppression, ni cruauté, ni larcin. Moi ? répondit Tse kong tout surpris, moi qui vous ai pour maître dès ma plus tendre jeunesse, je serais capable de pareils excès ? Serait-il donc bien possible que vous eussiez

  1. Nom d’instrument de musique.