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Ces chariots sont de véritables brouettes, si ce n’est que la roue en est fort grande, et placée au milieu ; l’essieu s’avance des deux côtés, et soutient de chaque côté un treillis, sur lequel on place les fardeaux avec un poids égal ; l’usage en est fort commun en plusieurs endroits de la Chine : un homme seul pousse ce chariot ; ou si la charge est forte, on en ajoute un second qui tire par devant, ou bien un âne, et quelquefois l’un et l’autre. Ils ont aussi des brouettes semblables aux nôtres, et dont la roue est par devant, mais ils ne s’en servent guère pour les voyages.


Prix des voitures.

Quand on fait porter son bagage sur des mulets, le prix ordinaire est, par exemple, pour 25 jours, de quatre taels et demi[1], ou tout au plus de cinq taels. Cela dépend des saisons différentes, et du prix des vivres ; si c’est pour le retour, on donne beaucoup moins.

Les muletiers sont obligés de nourrir leurs mulets, et sont chargés des frais du retour, en cas qu’ils ne trouvent pas à se louer. Ces mulets sont fort petits, si on les compare à ceux d’Europe, ils ne laissent pas d’être forts, et leur charge ordinaire est de 180 ou 190 livres chinoises ; à 200, la charge serait trop forte. La livre chinoise est de quatre onces plus forte que la nôtre.


Des douanes.

Il y a des douanes à la Chine, mais elles sont bien plus douces que celles des Indes, où les visites se font sans égard, ni à l’humanité, ni à la pudeur. On n’y fait point ces recherches rigoureuses, qui se pratiquent ailleurs ; on ne s’avise pas même de fouiller un homme. Quoique les commis aient le droit d’ouvrir les ballots, il est rare qu’ils le fassent et quand c’est un homme qui a quelque apparence, non seulement ils n’ouvrent point ses coffres, mais même ils n’exigent rien : nous voyons bien, disent-ils, que monsieur n’est pas marchand.

Il y a des douanes où l’on paye par pièce, et alors le marchand en est cru sur son livre. Il y en a d’autres où l’on paye par charge, et cela ne souffre nulle difficulté. Quoiqu’on aie un cang ho de l’empereur, il ne donne aucune exemption de payer le droit des douanes ; cependant le mandarin de la douane par honneur, le laisse passer sans rien exiger, si l’on en exempte la douane de Peking, où communément on est un peu plus exact.

Lorsque les grands officiers de la cour reçoivent, ou envoient quelques ballots, on colle sur chaque ballot une grande bande de papier, sur laquelle on écrit le temps auquel le ballot a été fermé, leur nom, et leur dignité ; et si ces officiers sont considérables, on ne se hasarde guère de les ouvrir. Ce papier qui se colle, s’appelle fong tiao.

Autrefois les douanes s’affermaient, et le mandarin de chaque douane se changeait tous les ans. Ce mandarin par son emploi était un officier considérable, qui avait droit de mémorial, c’est-à-dire, d’avertir immédiatement l’empereur. Depuis environ douze ans, l’empereur a chargé du soin des douanes le viceroi de chaque province, qui nomme un mandarin de confiance pour percevoir les droits. Il n’y a que pour les douanes des ports de Canton et de Fo kien, qu’on a été obligé depuis peu d’y remettre un

  1. Un taël vaut une once d’argent, et cette once à la Chine répond à sept livres dix sols de notre monnaie présente.