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Il exhorte ceux qui gouvernent à imiter en ce point l’attention de Tcheou kong.


Que les ministres, et les officiers de guerre, lorsqu’il s’agit du bien de l’État, doivent oublier toute injure et toute inimitié particulière.


Siao ho et Tsao tsan tous deux gens d’un grand mérite, conçurent de la jalousie l’un contre l’autre, et vécurent toujours assez mal ensemble. Siao ho avait pris le dessus. Il était premier ministre, et Tsao tsan s’était retiré. Siao ho tomba dangereusement malade. L’empereur lui demanda sur qui il jugeait qu’on dût jeter les yeux, pour le remplacer, en cas de mort. Siao ho répondit sans hésiter. Tsao tsan est sans contredit le plus capable de cet emploi ; il ne faut point penser à d’autres. Tsao tsan connaissait si bien Siao ho, que sur la nouvelle de sa maladie, il avait pris congé de sa famille, et avait tout préparé pour se rendre à la cour, tant il était persuadé que Siao ho le proposerait, quoiqu’ils fussent mal ensemble. En effet Siao ho mourut. Tsao tsan lui succéda, suivit ses vues et ses mémoires, et maintint les choses sur un bon pied. Cette conduite fut fort remarquée, et louée de tout le monde : le peuple même fit sur cela des chansons.

Kuo tsey et Li kuang pi, tous deux officiers de guerre, et tous deux naturellement fiers, vivaient mal ensemble, et pouvaient passer pour ennemis. Vint la révolte de Ngan lou chan ; Tsey, malgré sa fierté naturelle, et son aversion pour Kuang pi, va le trouver le premier, le prie les larmes aux yeux, de lui aider à sauver l’État, lui donne un détachement de son armée, écrit en cour pour qu’on l’avance, et qu’on le lui donne en second contre les rebelles. La cour y consentit. Les rebelles furent battus. Kuo tsey mourut peu après. Li kuang pi eut en sa place le commandement des troupes du nord, et ne changea pas la moindre chose à ce qu’avait établi Kuo tsey.

En tout état, les gens d’une capacité extraordinaire ne se trouvent que rarement : mais surtout rien n’est moins commun qu’un excellent général d’armée. Ce n’est pas qu’il manque de gens qui aient du talent pour la guerre ; mais c’est qu’on ne les connaît que par occasion. Ce fut la révolte de Ngan lou chan, qui fournit à Kuo tsey et à Li kuang pi le moyen de se faire connaître en sauvant l’État. Ce fut dans la guerre de Leao tong, que Tchin tcho parut ce qu’il était, très habile général.

Quoique dans[1] ces derniers temps, les occasions n’aient pas manqué,

  1. C'est un auteur de la dynastie Song qui parle.