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choses sur le même pied, aussi grand nombre de gens de mérite, qui seraient capables des premiers emplois, s’éloignent au lieu de se produire ; et ceux qui ont été quelque temps en place pensent bientôt à se retirer. Par là le chemin demeure ouvert à des gens, dont tout le mérite est la flatterie ; et le commun des princes s’en accommodent. Le moyen de faire revenir ces heureux règnes, que la sagesse et la vertu de nos anciens ont rendus si florissants et si célèbres.

Après la mort de Vou vang premier empereur de la dynastie Tcheou, Tching vang son fils étant trop jeune, Tcheou kong cadet de Vou vang, gouverna pour son neveu. Hong yu fameux lettré de la dynastie Tang, propose Tcheou kong pour modèle à ceux qui gouvernaient de son temps.

On dit de Tcheou kong, qu’étant à table, il lui était assez ordinaire d’interrompre son repas jusqu’à trois fois, pour faire honneur à un sage, et lui servir à manger. Si lorsqu’il était aux bains, il y voyait venir quelques sages, il n’achevait point de se baigner : il quittait aussitôt le bain, pour leur aller faire honneur et leur accommoder lui-même les cheveux. On le vit, dit-on, en user ainsi jusqu’à treize fois en un seul jour. Ce qui est constant, c’est que pendant tout le temps qu’il gouverna, son soin principal et son plus grand empressement, fut de faire honneur aux sages. Il n’y avait alors en place que des gens vertueux et capables. L’artifice et la flatterie n’avaient point de lieu, encore moins le vice ou le crime. Aussi tout l’empire était tranquille ; il n’y avait pas le moindre trouble. Les plus barbares de nos voisins étaient volontairement soumis : les étrangers apportaient exactement leurs tributs ; ce qu’on appelle rits, musique, judicature, gouvernement, ces grands ressorts dont dépend le règlement et le bonheur des États, étaient dans leur dernière perfection ; et l’on voyait régner partout l’innocence et la candeur. Il ne paraissait alors ni dérèglement dans les maisons, ni monstres dans la nature : les vents et les pluies étaient réglés ; les animaux et les plantes en profitaient : toutes les campagnes étaient fertiles.

Dans ce haut point de gloire et de bonheur, où la sagesse de Tcheou kong maintenait l’empire, jamais ce grand homme ne se relâcha de son attention à chercher des sages. Est-ce que ces sages qu’il cherchait le surpassaient en sagesse ? Non sans doute. Est-ce qu’il avait de la peine à en trouver ? Il en avait en grand nombre dans les emplois. Que pouvaient donc faire quelques-uns de plus ? Pourquoi en cherchait-il encore ? C’est qu’il craignait que quelque chose n’échappât à son attention. Il s’était chargé pour son neveu de rendre l’empire heureux ; il ne voulait rien avoir à se reprocher.

Hong yu fait ensuite une opposition de son temps avec celui de Tcheou kong. Je ne la traduis pas, parce qu’il ne fait que répéter les mêmes termes, en y ajoutant une négation. Ces répétitions ont leur grâce dans la langue chinoise ; mais elle n’en auraient aucune dans notre langue. li conclut qu’on a plus besoin que n’avait Tcheou kong, de chercher des sages, pour les avancer.