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dans les relations des pays étrangers, des descriptions de choses semblables, on doit d’ordinaire les entendre avec modification : ce n’est pas toujours que ceux qui les écrivent, exagèrent ; mais ils empruntent quelquefois ces descriptions des gens du pays, à qui des choses très médiocres semblent être magnifiques : d’ailleurs on est obligé de se servir de termes, lesquels en Europe forment de grandes idées.


Des cong quan

Quand on dit, par exemple, que ces cong quan se préparent pour loger les mandarins, et ceux qui sont entretenus aux frais de l’empereur, on s’imagine aussitôt que ce sont des maisons superbes : quand on ajoute, ce qui est encore vrai, qu’on envoie au-devant un officier, afin que tout se trouve prêt à l’arrivée du mandarin, il est naturel de croire, qu’on s’empresse à tendre des tapisseries, et à orner un appartement des plus beaux meubles : la frugalité chinoise, et le grand nombre d’envoyés qu’on dépêche de la cour, exemptent de tout cet embarras : les préparatifs consistent en quelques feutres, quelques nattes, deux ou trois chaises, une table, et un bois de lit couvert d’une natte quand il n’y a point de can. Que si c’est un mandarin considérable envoyé de la cour, et que le cong quan ordinaire ne soit pas convenable à sa dignité, on le loge dans une des plus riches maisons de la ville, dont on emprunte un appartement.

Ces cong quan sont plus ou moins grands : il y en a d’assez propres et d’assez commodes. Par celui de Canton, qui n’est que du commun, on pourra juger des autres : il est de médiocre grandeur : il y a deux cours, et deux principaux édifices, dont l’un qui est au fond de la première cour, est un ting, c’est-à-dire, une grande salle toute ouverte, destinée à recevoir les visites : l’autre qui termine la seconde cour, est partagé en trois : le milieu sert de salon ou d’antichambre, à deux grandes chambres, qui sont des deux côtés, et qui ont chacune un cabinet derrière. Cette disposition est ordinaire à la Chine, dans la plupart des maisons des personnes de quelque considération. La salle et le salon sont ornés chacun de deux grosses lanternes de soie claire et peintes, suspendues en forme de lustres : la porte de la rue, et celle des deux cours, sont éclairées chacune de deux autres grosses lanternes de papier, ornées de gros caractères.

On trouve dans les grands chemins, d’espace en espace des tours, sur lesquelles il y a des guérites pour des sentinelles, et des bâtons de pavillon pour les signaux en cas d’alarmes : ces tours sont faites de gazon ou de terre battue : leur hauteur est de douze pieds, la forme en est carrée, elles ont des créneaux, et on les élève en talus.

Dans quelques provinces il y a sur ces tours des cloches de fer fondu assez grosses. La plupart de celles qui ne sont point sur les chemins qui conduisent à la cour, n’ont ni guérites, ni créneaux.

Les lois ordonnent que dans les routes fréquentées, elles soient disposées de telle manière, que de cinq en cinq lys il s’en trouve une, c’est-à-dire, qu’à cinq lys, il y en ait une petite ; à dix lys une grande ; à quinze lys une petite, et toujours de même alternativement. Chacune doit avoir des soldats qui y soient continuellement en faction, pour veiller sur ce qui se passe, et empêcher toute insulte. Ces soldats sortent