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qu’on a fait dans les sciences, on occupe continuellement les jeunes gens à l’étude : le jeu, et tout divertissement propre à entretenir l’oisiveté, leur est absolument interdit ; à peine leur laisse-t-on le temps de respirer ; et par cette application assidue à cultiver leur esprit et à exercer leur mémoire, ils s’accoutument à modérer le feu des passions, et se trouvent dégagés de la plupart des vices, qu’une vie oisive et fainéante ne manque jamais de produire.


Des chemins publics

En veillant ainsi à la tranquillité des villes, le gouvernement chinois n’a pas oublié de pourvoir à la sûreté, à l’embellissement, et à la commodité des grands chemins : les canaux dont la Chine est toute traversée, et qui sont si utiles pour le transport des marchandises, sont bordés en plusieurs provinces de quais de pierre de taille ; et dans les lieux bas, marécageux, et aquatiques, on a élevé de très longues digues, pour la commodité des voyageurs.

On a grand soin d’unir et d’égaler les chemins, et on les pave, surtout dans les provinces méridionales, où l’on ne se sert, ni de chevaux, ni de chariots. Ces chemins sont d’ordinaire fort larges ; et comme en bien des endroits la terre est légère, elle se sèche aisément, aussitôt que la pluie a cessé. On a pratiqué des passages sur les plus hautes montagnes, en coupant les rochers en aplanissant le sommet de ces montagnes, et en comblant les vallées.

Il y a de certaines provinces, où les grands chemins sont comme autant de grandes allées, bordées d’arbres fort hauts, et quelquefois renfermées entre deux murs, de la hauteur de huit à dix pieds, pour empêcher les voyageurs d’entrer dans les campagnes. Ces murs ont des ouvertures dans les chemins de traverse, qui aboutissent à différents villages.

Dans les grands chemins on trouve d’espace en espace des reposoirs qui sont propres, et commodes, soit pendant les rigueurs de l’hiver, soit pendant les grandes chaleurs de l’été : il n’y a guère de mandarin, qui étant hors de charge, et obligé de retourner dans sa patrie, ne cherche à se rendre recommandable par ces sortes d’ouvrages.

On y trouve aussi des temples et des pagodes, où l’on peut se retirer pendant le jour ; mais quelque bon accueil qu’on fisse, il n’est pas toujours sûr d’y passer la nuit : il n’y a que les mandarins qui soient privilégiés : les bonzes les servent avec beaucoup d’affection ; ils les reçoivent au son de leurs instruments, et leur cèdent leurs appartements. Ils y placent le bagage, et logent même les domestiques et les portefaix.

Ces messieurs qui en usent fort librement avec leurs dieux, emploient les temples à tous les usages qui leur conviennent, ne faisant point de difficulté de croire, que cette familiarité peut s’accorder avec le respect qui leur est dû. En été des personnes charitables ont des gens à leurs gages, qui donnent gratuitement du thé aux pauvres voyageurs ; et l’hiver, de l’eau où l’on a fait infuser du gingembre : tout ce qu’on leur demande, c’est de ne pas oublier le nom de leur bienfaiteur.


Des hôtelleries.

On ne manque point d’hôtelleries dans les chemins, on en voit un assez