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revenir ces heureux temps de nos trois fameuses dynasties. Mais les plus grands malheurs des États viennent assez communément de commencements assez petits et peu sensibles. Il faut donc, outre une résolution fixe et déterminée, une attention continuelle : attention, dont on n’acquiert l’habitude, qu’en s’y exerçant peu à peu, mais avec constance. C’est pour cela que nos anciens rois, jusque dans leur temps de relâche, et même en prenant leur repas, se faisaient lire quelque instruction, et tenaient toujours près de leur personne des gens d’une droiture éprouvée, capables de les aider en cet exercice ; et c’est par là qu’ils sont devenus si vertueux et si fameux princes. Voici donc, prince, je vous le dis avec respect, et pour vous obéir, voici ce que je souhaiterais de vous.

Je voudrais que V. M. fît un choix de gens de lettres, qui fussent âgés et vertueux, qui libres de l’embarras des emplois, n’eussent d’autre occupation que de l’accompagner sans cesse, et l’entretenir à propos d’une manière agréable, mais propre à nourrir sa vertu. Je voudrais que sur tous les sages de son empire, elle choisit pour ses censeurs, ceux qui ont le plus de réputation en matière de franchise et de fermeté ; que vous leur fissiez bien entendre que vous exigez d’eux sérieusement, qu’ils examinent avec soin les fautes qui se commettent en votre gouvernement, et les abus qui s’établissent, pour vous en avertir avec liberté. V. M. acquérant ainsi chaque jour de nouvelles lumières, enrichirait beaucoup le bon fond qu’elle a, et pourrait enfin réussir à établir une forme de gouvernement sur les belles et grandes règles de nos anciens. Aujourd’hui nous voyons avec douleur naître dans l’État de fréquents troubles. Ce n’est que brigandages de toutes parts. La corruption des mœurs va si loin, qu’on ne rougit presque plus de rien. Aussi est-il vrai de dire, que vous ne faites point assez de cas de la vertu, et qu’on ne vous voit point assez d’ardeur pour la vraie sagesse. Faites uniquement votre étude des maximes de nos anciens sages. Proposez-vous pour modèle le gouvernement de nos anciens rois. Appliquez-vous tout de bon à suivre ces maximes et ces exemples ; c’est le moyen de procurer un vrai repos à vos sujets.


Discours de Ouang ngan ché à l’empereur Gin tsong, qui était depuis longtemps sur le trône, et qui s’occupait peu du gouvernement.


Prince, à en juger par l’histoire des temps passés, quand un règne est de durée, ce n’est pas assez que le prince ne soit ni violent, ni cruel ; il faut qu’il ait pour ses peuples une compassion tendre et constante, qui le rende attentif à tous leurs besoins, sans quoi il arrive ordinairement de fâcheux troubles. Depuis les Han les plus longs règnes qu’on ait vus, ont été ceux de deux Vou ti, l’un de la dynastie Tsin, l’autre de la dynastie