Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/739

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bien de s’unir, qu’en prit Hien ti dernier des Han. Il les tenait tous enfermés dans de très étroites prisons. Jamais on n’a traité si cruellement les gens, dont la vertu faisait l’union, que sous Tchao tsong le dernier des Tang. Or justement ces trois princes ont péri misérablement, et ruiné leurs dynasties. Jamais cour n’eut des officiers si unis que celle de Chun. Ce prince ne s’avisa point d’en prendre ombrage : il les employa chacun selon leur talent : il n’eut point lieu de s’en repentir ; et bien loin que la postérité lui reprochât rien sur cela, on l’a toujours loué, et on le louera toujours de la différence qu’il sut faire en ceci, comme dans tout le reste, entre les gens d’honneur et les âmes basses. Vou vang dut ses succès et l’empire, à l’union de trois mille hommes, qui n’avaient qu’un même cœur. Quand ceux qui s’unissent sont tous gens d’honneur et de probité, quelque grand que soit leur nombre, leur union n’en est que plus agréable pour eux, et plus avantageuse au prince et à son État. Je vous présente ces traits d’histoire comme une espèce de miroir, où tout souverain, ce me semble, peut voir assez clairement, ce qui dans la matière dont il s’agit, peut être utile ou dangereux.


Discours de Tchin hao à l’empereur Chin tsong, sur ce qu’il y a de capital en l’art de régner.


Je vous le dirai, prince, avec respect ; le grand art de régner consiste principalement à bien examiner la vraie doctrine de l’antiquité, pour la suivre ; à bien éclaircir et à bien pénétrer la différence du bien et du mal, et où aboutit l’un et l’autre ; enfin à bien distinguer les sujets vraiment zélés et fidèles, de ceux qui tâchent de le paraître. Mais quand le prince a tout cela, il faut qu’il y joigne encore une résolution bien déterminée ; et qu’avec une intention droite il s’attache de cœur au bien, et s’y tienne ferme. Si un prince n’est bien fondé dans ce qui s’appelle principes de raison, de justice, et d’équité, s’il n’a sur cela des idées bien nettes, il est sujet à prêter l’oreille à mille discours séduisants, qui lui feront facilement prendre le mal pour le bien ; si sa résolution n’est pas ferme et déterminée, bientôt il quittera le bien qu’il avait d’abord embrassé. Qu’un prince pose pour principe de ne jamais s’éloigner des maximes de nos anciens sages. Qu’il ne se propose à imiter que le gouvernement de nos anciens rois, qu’il n’écoute point les maximes que la corruption des âges postérieurs a comme établis. Qu’il travaille à perfectionner ses propres lumières. Qu’il mette sa confiance en des personnes qui la méritent. Qu’il éloigne absolument et sans égard, de tous les emplois, ceux qu’il saura manquer de droiture et de vertu. Qu’il n’avance et n’élève aux premiers rangs que des personnes reconnues pour sages. Par là il peut espérer de faire