Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/727

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On ne traduit point le reste du discours. Il est très long, et se réduit à deux points. Premièrement, il expose le gouvernement ancien. Il finit cette exposition par dire, que depuis la ville capitale où était la cour, jusque dans les moindres bourgades, il y avait des écoles publiques, où un choix de jeunes gens se formant à loisir sous de bons maîtres, se rendaient capables d’instruire les autres à leur tour. En second lieu, il étend sa proposition en disant que le seul moyen efficace de faire tomber la secte Foë, est de rétablir l’ancien gouvernement, principalement l’instruction des peuples, et la pratique des anciens rits. Il apporte sur cela l’exemple de Mong tse, qui, sans s’arrêter à des réfutations directes, inculqua fortement à ceux de son temps la charité et la justice, et par là fit abandonner les deux sectaires Yang et .


Discours du même Ngeou yang sieou, sur la difficulté de bien régner.


On le dit, et il est vrai, il est très difficile de se rendre habile dans l’art de régner. Mais encore quelles sont ces difficultés ? Une des plus grandes consiste à faire un bon choix d’un premier ministre, et à savoir s’en servir. Du reste, c’est une maxime reçue, que quand un prince a choisi avec soin son premier ministre, il faut qu’il ait en lui une vraie confiance. Sans quoi celui-ci toujours en alarme n’osera rien proposer, ni rien entreprendre ; par conséquent fût-il le plus habile homme qui ait jamais paru, son habileté sera peu utile, et il ne fera rien de grand. D’un autre côté, se rapporter de tout à un homme seul, ne rien mettre en délibération quand il a parlé, ou bien négliger tout avis contraire, et rejeter toute remontrance ; outre que c’est mécontenter le grand nombre, c’est s’engager bien légèrement, et s’exposer à de grands malheurs. Supposons qu’un prince en use ainsi, et qu’il forme quelque entreprise, sans avoir tenu conseil, ou contre le sentiment d’un grand nombre, et malgré de fortes représentations, sur l’avis seul de son ministre ; si la chose par hasard vient à réussir, qu’il est à craindre que le prince s’applaudissant d’un succès qu’il doit au hasard, et louant avec excès son ministre, ne dise comme en triomphant, nous voyons plus clair que tous ces sages. Nous aurions grand tort d’avoir égard à leurs avis, et à leurs remontrances.

Un prince avec ces dispositions est bien à plaindre. A la vérité un succès contraire l’en fera bientôt revenir. Mais la disgrâce peut être si grande, qu’il la reconnaîtrait trop tard. Par là bien des princes se sont perdus : nous le voyons dans nos histoires. En voici un ou deux exemples. Fou kien[1] possédait un État très étendu. Il avait de fort bons soldats et pouvait

  1. C'est celui qu'on appelle Tsin chi hoang.