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connue. Hoang ti régna, à ce qu’on dit, cent ans, et en vécut cent dix. Chao hao régna 90 ans, et en vécut cent. Tchuen hio régna 79 ans, et n’en vécut que 98. Ti ko régna 70 ans, et en vécut cent cinq. Yao régna 90 ans, et en vécut 118. Chun et Yn vécurent aussi chacun cent ans. Sous ces grands princes, l’empire jouissait d’une paix profonde : leurs sujets heureux et contents vivaient jusqu’à une extrême vieillesse. Cependant on ne savait point alors à la Chine ce que c’était que Foë et sa secte. Tching tang premier empereur des Chang vécut aussi ses cent ans. Ven vang et Vou vang, les premiers des Tcheou vécurent, l’un 97 ans, et l’autre 93. Ce ne fut assurément pas Foë qui les fit vivre et régner longtemps : on ne connaissait point encore Foë dans la Chine.

Ming ti au contraire n’a régné que 18 ans. Ses descendants toujours en trouble, se succédèrent assez promptement les uns aux autres, et perdirent bientôt l’empire. Le culte de Foë ne finit point avec la dynastie Han. Au contraire, il ne fit que croître. Cependant en très peu de temps il y eut plusieurs dynasties, les Song, les Tsi, les Leang, les Tchin ; et de tant de princes, il n’y eut que Leang vou ti qui régna longtemps. Le prince par attachement pour la secte Foë, cessa de tuer des animaux même pour les tsi[1] de ses ancêtres. Il se réduisit à ne faire qu’un repas par jour, et à n’y manger que des légumes ou des fruits. Enfin, jusqu’à trois fois pendant son règne, il descendit, pour honorer Foë, à des bassesses indignes de son rang. A quoi aboutit enfin tout cela ? Il fut assiégé dans Tai tching, et y fut serré de si près par Heou king, qu’il se vit mourir de faim, et son empire passa à d’autres. Ces princes qui fondaient leur félicité sur l’honneur qu’ils rendaient à Foë, n’en ont été que plus malheureux. Concluons donc que servir Foë, c’est au moins une chose inutile.

L’illustre fondateur de notre dynastie Tang, se voyant maître de l’empire, eut la pensée d’exterminer cette secte. Il mit cette affaire en délibération. Mais par malheur ceux qui se trouvèrent alors en place, étaient des gens dont les vues étaient bornées. Ils étaient peu versés dans l’antiquité, et pour la plupart, peu instruits de la doctrine de nos anciens rois, si convenable à tous les temps ; au lieu de profiter des bonnes dispositions de Kao tsou, pour purger la Chine de cette erreur, ils laissèrent tomber la proposition. Que je leur en veux de mal quand j’y pense !

V. M. que tant de sagesse et tant de valeur mettent au-dessus de la plupart des princes, qui ont régné depuis bien des siècles, V. M. dis-je, au commencement de son règne, défendit que cette secte se bâtit de nouveaux temples, et qu’aucun de vos sujets dans la suite se fît bonze. Cela me faisait croire et dire avec joie, qu’enfin les vues de Kao tsou s’exécuteraient sous votre règne. Vos ordres cependant jusqu’à présent sont demeurés sans effet. C’est déjà trop de condescendance. Mais de plus, comment avez-vous pu en venir à les annuler vous-même, en donnant si ouvertement

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