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d’abord instruit de ses desseins. D’ailleurs je veux pousser la bonté aussi loin qu’elle peut aller. Ainsi, sans autre examen, quoiqu’il ait aidé l’aîné, et qu’il ait fait en cela une faute énorme, je veux bien lui accorder le temps de la réparer.

Quant aux troupes débandées au nord et au midi du Hoang ho[1], je n’exige d’elles autre chose, sinon que sans violence, et sans nuire à qui que ce soit, elles se retirent dans leurs anciens postes par les routes ordinaires. Pour Tchu tse, c’est un ingrat, un perfide, un scélérat. Il a joint à la perfidie et à la rébellion la plus extrême insolence. Il a outragé, pillé, ruiné la sépulture de mes ancêtres. Je n’oserais le lui pardonner. Ceux qui l’ont suivi dans sa révolte, soit peuple, soit soldats, soit officiers grands ou petits, ils se sont laissé tromper par ses artifices, ou entraîner par ses violences : pourvu qu’ils rentrent dans leur devoir, il n’en sera plus parlé. Les talents sont partagés. Tel n’a pu réussir en un genre, qui ferait merveille en un autre. Or comme celui qui médite un grand édifice, amasse des matériaux de toute espèce ; de même un prince qui forme de grands projets, ne se borne point à des gens de telle ou de telle sorte : il ne rejette aucun de ceux qui sont bons à quelque chose. Bien moins rejette-t-il pour toujours ceux, qui d’ailleurs ayant du mérite, ont fait par malheur quelque faute, qui leur a fait perdre leur emploi ; pourvu que devenus sages à leurs dépens, ils se corrigent véritablement, ils ne doivent point échapper à ma clémence. Si donc parmi ceux des anciens officiers, grands ou petits, que quelque faute passagère a fait abaisser, casser, ou même exiler, il s’en trouve en qui l’on connaisse quelque talent rare, et une capacité non commune ; qu’on me les indique, je passerai par dessus la règle ordinaire, et les placerai de nouveau selon leur talent.

Vous tous braves officiers de guerre, dont le zèle et la valeur depuis longtemps à toute épreuve, a plus que jamais éclaté tout récemment, en vous faisant accourir à propos, ou dans la capitale pour la défendre, ou dans le Leao tong contre les rebelles. Je n’oublierai jamais ni vos laborieuses marches, ni vos généreux combats. Je sais ce que vous doit l’État et ma maison. Je veux éterniser la mémoire de vos services, en honorant vos familles, et vous attribuant des terres, dont elles perçoivent les revenus. Ceux des soldats qui se sont signalés dans cette dernière occasion, doivent aussi avoir quelque distinction. Si quelqu’un d’eux venait par malheur à commettre quelque faute punissable, on diminuera sa peine de trois degrés au-dessus de ce qu’elle serait punie selon les lois. j’accorde aussi à leurs fils ou petits fils, la diminution de deux degrés. Mourir généreusement pour sauver son prince et sa patrie, c’est une chose que nos anciens sages ont infiniment estimé. Recueillir les corps et les os des morts, pour leur rendre les derniers devoirs, c’est une chose que le livre des rits recommande. Ces deux sortes de bonnes œuvres, quoique d’une espèce bien différente, ont pour

  1. Nom d’un fleuve. Ho, signifie fleuve ou rivière. Hoang signifie jaune : c’est que les eaux de cette rivière sont en effet jaunes de la terre qu’elles charrient.