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prennent part à toutes les affaires ; et de plus lorsqu’il s’agit de l’exécution de quelque projet militaire, ils dépendent absolument de la quatrième des six Cours souveraines, appelée Ping pou, dont nous avons parlé, et qui a dans son ressort toute la milice de l’empire.

Quoiqu’il y ait des grands seigneurs, qui tenant dans l’empire le rang de princes, de ducs, et de comtes, sont au-dessus de tous les ordres des mandarins par leur rang, par leur mérite, et par leur service ; cependant il n’y a aucun d’eux, qui ne se tienne honoré du titre que leur donne leur mandarinat, et la qualité de chef des cinq tribunaux des mandarins d’armes. On ne peut avoir plus de passion qu’en ont les Chinois pour commander, et ils font consister toute leur gloire et leur bonheur, à avoir de l’autorité dans l’État.

Le premier des mandarins d’armes, a le même rang que les généraux en Europe, et ses fonctions sont à peu près les mêmes : il a sous lui dans quelques endroits, quatre mandarins, et dans d’autres deux seulement, dont l’emploi répond assez à celui de nos lieutenants généraux, lesquels ont pareillement quatre mandarins subalternes, qui sont comme les colonels : ceux-ci en ont encore d’autres au-dessous d’eux, qu’on peut regarder comme capitaines, qui ont pareillement d’autres officiers subalternes, comme nos capitaines en Europe ont leurs lieutenants, et sous-lieutenants.

Chacun de ces mandarins a un train conforme à sa dignité : quand il paraît en public, il est toujours escorté d’une troupe d’officiers de son tribunal. Tous ensemble commandent un grand nombre de troupes, partie cavalerie, partie infanterie.


Exercice militaire.

Ces officiers font faire régulièrement l’exercice à leurs soldats : cet exercice consiste, ou en des marches assez tumultueuses et sans ordre, qu’ils font à la suite des mandarins, ou à former des escadrons, ou à défiler en ordre, ou à se choquer les uns les autres, ou à se rallier au son du cor et des trompettes ; du reste ils ont beaucoup d’adresse à tirer de l’arc, et à bien manier le sabre.

Ils font aussi de temps en temps la revue de leurs troupes. Alors on visite attentivement leurs chevaux, leurs fusils, leurs sabres, leurs flèches, leurs cuirasses, et leurs casques : pour peu qu’il y ait de rouille sur leurs armes, leur négligence est punie à l’heure même de trente ou quarante coups de bâton, s’ils sont Chinois ; et de fouet, s’ils sont Tartares. Hors de là il leur est libre de faire tel commerce qu’il leur plaît, à moins qu’ils ne soient fixés à un poste qui les occupe entièrement, comme serait de garder une porte de ville, ou de demeurer dans un corps de garde sur les grands chemins.


Des enrôlements.

Comme le métier de la guerre ne les occupe pas beaucoup dans un pays où la paix règne depuis tant d’années, bien loin qu’on soit obligé d’enrôler les soldats par force, ou par argent, comme il se pratique en Europe, cette profession est regardée de la plupart, comme une fortune, qu’ils tâchent de se procurer par la protection de leurs amis, ou par les présents