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Le même empereur Tai tsong marchant en personne vers la Corée, et étant arrivé à Yng tcheou, donna ordre qu’on recherchât, et qu’on recueillît avec soin les os des officiers et des soldats qui étaient morts dans la guerre de Leao tong. Il les fit tous mettre ensemble auprès de la ville nommée Lieou tcheou. Il ordonna aux magistrats du lieu, de préparer un animal du premier ordre. Il fit en l’honneur de ces morts, la cérémonie qu’on nomme Tsi. Il y usa d’un tsiouen[1] qu’il avait composé lui-même ; et il les pleura d’une manière qui attendrit toute son armée.


Déclaration d’un des empereurs de la dynastie Tang.


On le dit, et il est vrai, les perles et les pierres précieuses ne peuvent servir ni de nourriture, ni d’habits. Elles ne garantissent par elles-mêmes, ni du froid, ni de la faim. Il en est de même à proportion de plusieurs autres vains ornements. Ven ti, un des Han, disait fort bien que la sculpture, la gravure, et d’autres arts semblables, faisaient tort à l’agriculture ; que les broderies et les autres ouvrages de cette sorte, détournaient mal à propos les femmes de travailler, comme anciennement, aux étoffes nécessaires, et aux habits d’un commun usage. Ce sage prince attribuait à ces désordres, la faim et le froid que souffraient les peuples. Kia y qui vivait sous Ven ti, enchérissait encore sur ces réflexions. Un homme, disait-il, qui ne fait pas deux repas par jour souffre de la faim, et s’il passe une année sans faire d’habits, il souffre du froid en hiver. Or quand on souffre la faim et le froid, il n’y a rien qui retienne. En pareille occasion, la plus tendre mère ne peut pas retenir son fils. Le prince à plus forte raison, pourra-t-il retenir ses peuples

Élevé au-dessus des peuples, des Grands, des rois ; chargé, malgré ma faiblesse, du soin de rendre l’empire heureux, je m’en occupe sans cesse, jusqu’à oublier mes repas et mon sommeil. Je voudrais faire revivre dans mon empire la simplicité et l’innocence. Comme cela ne se peut espérer, tandis qu’on est dans l’indigence, je voudrais que chaque famille fût suffisamment pourvue. Hélas ! je n’en puis venir à bout. Mes greniers sont presque vides, la disette est toujours la même. Pour peu que l’on souffre des inondations ou des sécheresses, on sera réduit comme auparavant, à manger du son. Quand je recherche en particulier la cause de ces malheurs, je trouve que ce sont mes fautes. Par la délicatesse de ma table, et la richesse de mes habits, j’ai inspiré à mes sujets le luxe et la bonne chère.

Les peuples en effet suivent les inclinations des princes, et non pas leurs instructions ; l’on ne voit guère que les exhortations du souverain fassent

  1. Espèce d’éloge funèbre.