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Tai tsong ayant reçu ce mémoire, y fit la réponse suivante.

Votre rare habileté pour les affaires et pour la guerre, jointe à une droiture singulière, et à une fermeté à toute épreuve, m’ont porté à vous confier la conduite et la sûreté de ces peuples si éloignés et presque étrangers. Je suis infiniment satisfait de la manière dont vous remplissez un emploi si important : je me réjouis de l’honneur que vous vous faites ; et j’ai toujours présents à l’esprit vos services et votre zèle. Je ne fais pas un procès à celui qui m’a fait présenter l’oiseau de chasse ; mais j’estime, comme je dois, le bon avis, qu’à cette occasion vous me donnez de si loin, et le soin que vous prenez de me rappeler le passé, pour m’instruire sur l’avenir. J’ai reconnu votre cœur en votre écrit. En le lisant, je soupire et vous loue sans cesse. Ne suis-je pas heureux, me dis-je à moi-même, d’avoir un tel officier ? Ne vous démentez jamais de cette droiture. Continuez jusqu’à la fin à soutenir dignement le haut rang que vous tenez. C’est à cela, dit le Chi king, qu’est attachée la faveur des chin[1], et la plus grande prospérité. Au jugement de nos anciens, un avis donné à propos, est un très riche présent. Celui que vous me donnez, a certainement son prix. Pour vous témoigner que j’en fais cas, je vous envoie trois vases d’or. Ils ne sont pas d’un grand poids, mais ils étaient à mon usage. Un des bons moyens pour bien soutenir vos importants emplois, et votre haute réputation, c’est d’employer à quelque lecture utile ce qui vous peut rester de loisir. C’est pour vous y animer que je grossis mon présent d’un exemplaire de l’histoire des Han, écrite par Sun. Les faits y sont exposés en peu de mots, mais ils sont bien rangés : la politique y est profonde et l’on peut dire que ce livre contient en substance le grand art de gouverner, et tous les devoirs mutuels du souverain et des sujets. Je compte que recevant de moi ce livre, vous le lirez avec plus de soin.


Sur la fin des années nommées Tchin koan, le même empereur Tai tsong pour l’instruction du prince son héritier, un livre qu’il intitula : la Règle des souverains. Ce livre avait douze chapitres. Le premier avait pour titre : De ce qui regarde la personne du souverain ; le second, De l’élévation de ses proches; le troisième, Du soin de chercher les sages ; le quatrième, Du choix des officiers ; le cinquième, De la facilité à écouter les avis et les remontrances ; le sixième, Du soin de bannir la médisance et la calomnie ; le septième recommandait d’éviter l’orgueil ; le huitième, d’aimer une honnête épargne ;
  1. Chin, Eprits.