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A Ngai ti succéda Ping ti, dont le règne fut de peu de durée ; Vang puen s’empara du trône, et la dynastie Han fut interrompue pendant plus de vingt ans. Sieou autrement dit Ouen chou, petit fils de Kao tsou, la releva à la neuvième génération : et les Han remontés sur le trône l’occupèrent encore près de deux cents ans. Ce restaurateur de la dynastie Han a été surnommé Quang vou.
L’an 27 de son règne, quelqu’un lui présenta un mémoire pour engager à faire la guerre aux barbares du nord-ouest ; il répondit à cette proposition par la déclaration suivante.


Je me souviens d’avoir lu dans Hoang che kong, que ce qui est flexible et en apparence faible, l’emporte sur ce qui est roide et fort. C’est une allusion qui fait voir que ce qu’on appelle force et puissance, doit céder et cède en effet à la douceur et à la vertu. Aussi a-t-on coutume de dire que quand un prince est vertueux, ce qui fait son plaisir, fait aussi celui de son peuple. Au lieu que, quand le prince est sans vertu, ses plaisirs sont de nature à ne pouvoir être goûtés de ses sujets. L’on ajoute avec raison, que les plaisirs du premier sont durables et sont même sa sûreté ; mais que ceux du second sont courts et causent se perte. Celui qui cherche des affaires au-dehors, se fatigue sans nul profit. Celui qui se borne à celles du dedans, les conduit sans embarras et heureusement jusqu’à la fin. Voit-on le prince tranquille ? On s’attache à lui. A-t-il des affaires embarrassantes ? Bien des brouillons en profitent. De là vient cette maxime : celui qui cherche à étendre son domaine, le rend désert et stérile. Celui qui cherche à croître en vertu, voit en même temps croître ses forces. Est-on content de ce qu’on a ? On le conserve sans grand mouvement. Veut-on envahir ce qui est à d’autres ? Il faut se fatiguer à nuire et à détruire. Des victoires de cette nature sont dans le fond de vraies défaites. Mon gouvernement est encore très imparfait ; mon empire souffre souvent des calamités publiques ; mon pauvre peuple a peine à vivre, et passe assez tristement ses jours. Que serait-ce, si par des entreprises à contre temps, j’augmentais encore sa misère ?