Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/614

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’êtes point assez sensible à vos intérêts personnels, songez à soutenir la splendeur du palais de vos ancêtres. Il y va de votre honneur. Il y va même de l’honneur de l’impératrice. Car c’est une règle établie dès l’antiquité la plus reculée, qu’une femme doit préférer la famille de son mari, où elle est entrée, à celle dont elle est sortie. Il faut s’y prendre de loin pour assurer le bonheur des États. Il faut prévenir les troubles avant qu’ils arrivent. En user autrement, c’est tout risquer.

Il est encore temps, si vous le voulez : mais croyez-moi, ne tardez pas. Approchez de votre personne, et faites entrer dans le gouvernement, les princes de votre sang qui ont du mérite ; mais surtout donnez-y moins de part à vos alliés. Hiao ouen les en exclut, et son règne fut tranquille. Que vos alliés soient riches de vos bienfaits en considération de l’impératrice ; qu’ils aient de quoi se soutenir dans la suite sur un bon pied : mais que votre maison règne et gouverne ; c’est l’avantage réel des deux maisons. C’est le moyen que toutes deux, chacune en son rang, durent et fleurissent pendant plusieurs siècles. Que si V. M. en use autrement, il y a tout sujet de craindre qu’on ne voie encore de nos jours les tragiques évènements dont j’ai parlé, et que vous ne laissiez à la postérité un triste souvenir de votre règne.


Une glose dit : Tching ti ayant lu cette remontrance, fit venir Lieou hiang en sa présence ; et témoignant par des soupirs être fort touché de son discours, lui dit : Soyez en repos. Comptez que je vais penser et pourvoir à ce que vous m’avez représenté. De plus, il l’éleva sur-le-champ à un emploi fort considérable.

Sur la fin du règne de Tching ti, on donnait dans toutes sortes de superstitions et de prétendus secrets, particulièrement dans la recherche d’une espèce d’immortalité. Dans le recueil dont je tire ces pièces, on met un discours de Kou yong qui représente à l’empereur la vanité de ces recherches, et qui conclut par l’exhorter à ne point permettre qu’aucun de ces charlatans paraisse à sa cour. Toute sa preuve consiste en des exemples tirés de l’histoire, (fond ordinaire de l’éloquence chinoise). Ainsi l’indiquer comme je fais, c’est donner l’extrait de son discours.


Placet de Mei fou présenté à l’empereur Tching ti, en faveur de la famille de Confucius.


Prince, on dit communément qu’il faut que chacun se conforme au rang qu’il tient ; que celui qui en use d’une autre sorte, s’expose à déplaire au prince, et à ressentir les effets de son indignation. Suivant cette maxime, je devrais me taire, et n’étant qu’un petit officier, je ne devrais