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contraire les fautes d’un aussi méchant prince que Chi hoang ; que comme lui, au préjudice du repos et de la sûreté de votre empire, contre le sentiment de ce qu’il y a de gens sages et vertueux, vous entrepreniez ces superbes et inutiles travaux ; et que vous achetiez à ce prix les vains applaudissements de quelques flatteurs, gens sans mérite ; rien n’est plus triste et je ne puis m’empêcher d’en rougir pour vous. Vous avez bien d’autres modèles à vous proposer. Dans l’antiquité, Hoang ti, Yao, Chun, Yu, Tang, Vou vang, Tcheou kong. Dans des temps moins reculés Vou kong, Yen liu, Confucius, etc. Mais sans remonter encore jusque-là, vous avez dans l’exemple de Hiao ouen un de vos ancêtres, ce qu’il convient de faire en ce genre, et dans celui de Chi hoang ce qu’il est à propos d’éviter. Pour conclusion, je vous conseille d’abandonner les travaux de Tchang lin ; de vous fixer à l’ancienne sépulture, et de régler par une délibération de tous vos Grands les accommodements qui doivent se faire.


Une glose dit que Tching ti parut d’abord touché du discours de Lieou hiang, mais qu’il ne suivit cependant point son conseil.


Autre remontrance du même Lieou hiang au même empereur Tching ti, sur ce qu’il abandonnait le gouvernement aux parents de l’impératrice.


Prince, il n’est point d’empereur, qui ne souhaite maintenir dans son État le bon ordre et la paix pendant son règne, et qui ne se propose de transmettre sa couronne à ses descendants ; cependant les grandes révolutions ne sont pas rares ; et il est encore moins rare de voir dans les États du moins de dangereux troubles. On cite, et je le crois vrai, que la plus ordinaire et la plus immédiate cause de ces malheurs, est la faute que font les princes, de donner, ou de laisser prendre trop d’autorité à certains de leurs sujets. Cela paraît évident par un grand nombre d’exemples que nous en fournit l’ancien livre Tchun tsiou[1]. Dans des temps plus voisins du nôtre, Tchao vang roi de Tsing, vit son État dans le dernier désordre, pour avoir rendu trop puissants les frères de sa mère. Encore fut-il heureux de trouver deux sujets fidèles et intelligents, qui le soutinrent. Eul chi successeur de Chi hoang se reposa de tout sur Tchao kao. Celui-ci commença par éloigner tous ceux qu’il jugea capables de lui faire ombrage ; après quoi il abusa librement de son pouvoir. La révolte suivit bientôt. Eul chi perdit l’empire et la vie. Cet exemple n’est pas ancien, puisque c’est à ce prince le dernier de Tsin, qu’a succédé la dynastie Han.

  1. Ce livre en cite quantités : ce ne sont que noms d'hommes et de pays. Je les passe.