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dans le Chi king ces paroles : ayez pitié de ces pauvres gens qui souffrent, pressez-vous de les secourir préférablement à nous. Ce sont les princes qui s’adressent à Tien ; et c’est ainsi que le poète exprime leur compassion et leurs bontés pour leurs peuples. Mais nous trouvons en même temps de la part des peuples, un retour de zèle pour leur souverain. Arrosez, leur fait dire le poète, arrosez d’abord et rendez fertile le domaine de notre prince, puis étendez ce bienfait jusque sur nos terres. Quoique nos temps le cèdent aux anciens, le zèle de vos sujets se soutient encore ; on les charge de corvées, pour subvenir aux besoins de nos frontières, on a ajouté aux levées une capitation, les peuples en souffrent beaucoup, et ne sont pas insensibles à leurs misères ; cependant ils se font un devoir de porter ces charges nécessaires. Ce sont les moyens ordinaires de pourvoir à la sûreté des États : on ne se récrie point contre. Mais pour ce qui est du moyen qu’on propose, il fait brèche aux lois ; il aboutirait naturellement à faire périr dix hommes pour un, il n’est point à prendre. Votre vertu, prince, et le soin que vous avez pris de l’instruction de vos peuples, ont mis les choses sur un si bon pied, que votre gouvernement ne ferait point déshonneur à Yao et à Chun. Suivre le conseil qu’on vous donne, ce serait dégénérer ?


Suen ti opposa ce discours à Tchang tchang. Celui-ci persista malgré cela dans l’avis qu’il avait ouvert. Siao hoang tchi répliqua en exposant assez au long les inconvénients qui s’étaient ensuivis d’une tentative à peu près semblable. Sur la réplique de Siao hoang tchi, l’empereur renonça au moyen proposé par Tchang tchang.


Remontrance de Lieou hiang à l’empereur Tching ti, sur les dépenses énormes qu’il avait déjà faites, et qu’il continuait de vouloir faire pour la sépulture des princes de sa maison.


Prince, je trouve dans notre Y king cette maxime, qui est principalement pour les princes. Vous vivez heureux, n’oubliez point que ce bonheur peut aisément changer. Vous vous trouvez bien établi dans la plus haute fortune, pensez qu’on en peut déchoir. C’est le moyen de rendre durable ce repos personnel, dont vous jouissez, et d’assurer à votre famille le haut rang que vous tenez. Un sage prince ne peut donc mieux faire que d’examiner l’histoire, de peser avec attention les divers événements qui y sont marqués, d’en rechercher et approfondir les principes, d’y distinguer ce qu’on y loue, et ce qu’on y blâme, pour bien profiter de ses lectures. Le moindre avantage qu’il en puisse retirer, c’est de toucher au doigt cette vérité, si propre à lui inspirer une respectueuse crainte,