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Il y a encore dans ce livre un autre discours du même auteur au même empereur Yuen ti. Ce prince avait deux choses à corriger. 1°. Il était indéterminé, et donnait toute sa faveur aux parents de la reine, qui abusaient de leur crédits. C’est pourquoi Quang heng dans ce discours, touche deux points essentiels pour toute sorte de personne, mais encore plus pour un prince ; le premier est de connaître son principal défaut naturel, et de le corriger. Le second de régler la maison.


Avant que d’entrer en matière, il exhorte Yuen ti à s’affermir dans le louable désir de soutenir dignement la gloire de ses ancêtres, en rendant de plus en plus florissant l’empire qu’il tient d’eux, et en l’assurant à ses descendants. C’est ainsi, dit-il, qu’en usait Tching. Il avait toujours dans l’esprit les vertus et les exemples de Ven vang son grand père, et de son père Vou vang. Son propre règne était plein de bonheur et de gloire mais quand on le célébrait, il en rejetait tout l’honneur sur ses ancêtres, dont il ne fallait, disait-il, que suivre les vues, et imiter imparfaitement les exemples. Aussi mérita-t-il d’avoir toujours Chang tien propice et d’être secouru par Kouei chin.

Après cet exorde, Quang heng explique ce qu’il entend par connaître son[1] naturel et le corriger, et comment il faut s’y prendre. Chacun doit, dit-il, s’examiner avec soin, pour voir ce qu’il a de trop ou de trop peu ; puis retrancher d’un côté et tâcher d’acquérir de l’autre. Par exemple, les gens qui ont naturellement beaucoup d’esprit, ou qui ont acquis quantité de connaissances, sont sujets à s’embarrasser par la multitude de leurs vues. Ils y doivent prendre garde. Ceux au contraire qui n’ont que peu d’expérience, et qu’une médiocre pénétration, ont à craindre que bien des choses même importantes ne leur échappent : il faut qu’ils y suppléent de leur mieux. Les gens braves et robustes ont à craindre d’être violents ; ils y doivent être attentifs. Les gens doux, bons, compassifs, sont, s’ils n’y prennent bien garde, faibles, et indéterminés, etc.

  1. Quang heng se sert de l’expression Sing (nature). Mais Tching te sieou sur cet endroit, dit que par ce terme on entend ici le naturel ou tempérament qui dépend des organes et de la matière, il ne s’agit pas ici de cette nature, Sing, ou raison naturelle, que l’on nomme aussi l’ordre ou la loi de Tien.