et en espérer les heureuses suites. Ne vous relâchez ni jour ni nuit, dit le Chi king : faites effort, dit le Chu king. Tout cela ne veut-il pas dire qu’il faut en effet se faire violence ?
La dynastie Tcheou était pitoyablement déchue sous les règnes de Yeou vang et de Li vang. Vint un prince qui se rappelant sans cesse le souvenir de ses vertueux ancêtres, et s’animant par leur exemple à soutenir la gloire de l’empire qu’il avait reçu de leurs mains, s’efforça de remédier aux abus déjà introduits, et de corriger tout ce qu’il aperçut de défectueux. Chang tien[1] le secourut, et lui fournit de bons ministres. Moyennant cela, il réussit. L’on vit revivre sous lui le bon gouvernement des premiers Tcheou. Ce fut le sujet des poésies du temps. Dans les règnes qui le suivent, on rappela toujours avec éloge la mémoire de celui-là ; et encore aujourd’hui elle est célèbre.
Tel est l’effet ordinaire d’un sincère attachement pour la vertu, et de cette application continuelle que le Chu king recommande. Ce que cet empereur obtint par là, un autre peut l’obtenir par la même voie : car quoique l’honneur suive ordinairement la vertu ; cependant à proprement parler, ce n’est point la vertu qui fait valoir l’homme, dit Confucius ; c’est l’homme au contraire qui peut faire valoir la vertu. La paix ou le trouble des États, leur décadence ou leur gloire, dépend des princes. Quand quelques-uns d’eux perdent leurs empires, ces événements ne sont point l’effet d’un ordre de Tien, qui leur ait ôté le pouvoir de se maintenir ; il faut attribuer cette disgrâce à leur imprudence et à leurs désordres. Je sais ce qu’on dit, et il est vrai, que la fondation d’une monarchie, est une chose au-dessus des forces de l’homme ; que c’est un présent de Tien, et le plus grand qu’il fasse à un mortel ; que le consentement des peuples à s’attacher à un seul homme, à en faire leur père-mère, et les prodiges heureux qui souvent surviennent, sont comme le sceau de l’ordre de Tien en sa faveur. Mais outre que cela même est en quelque façon une suite de la vertu, qui, comme dit Confucius, ne demeure pas longtemps seule ; outre cela, dis-je, on ne parle ainsi que quand il s’agit de fonder une dynastie...
Après avoir fait un contraste des bons princes Yao et Chun, de leur gouvernement et de leurs vertus, avec les mauvais princes Kié et Tcheou, et les funestes suites de leurs vices, Tong tchong chu conclut par ces mots.
Tant il est vrai que les mœurs des peuples dépendent de ceux qui les gouvernent, comme l’argile sur le tour dépend du potier qui la façonne, et comme le métal dans le creuset dépend du fondeur qui le jette en tel moule qu’il veut.
Il expose ensuite comment la corruption des mœurs qui était grande
- ↑ Chang, signifie suprême. Tien, ici comme ailleurs. On laisse au lecteur à lui donner la signification qu’il jugera lui convenir.