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Ce que Kia y avait proposé sous l’empereur Ven ti, de diminuer la puissance des princes feudataires, en partageant leurs États, Chao tso le proposa sous l’empereur suivant, qui fut King ti. La chose passa au Conseil : mais Ou et Tsou se révoltant à cette occasion, King ti recula, et sacrifia Chao tso comme auteur de cet avis. Le discours de Chao tso sur cette matière n’a rien qu’on n’ait déjà vu dans le discours de Kia y. Ainsi je n’en parle point, et je me contente de traduire quelques autres discours de ce ministre.


DISCOURS SUR LA GUERRE,
adressé à l’empereur King ti.


J’ai ouï dire que depuis le commencement de la dynastie présente, les Hou lou[1] sont entrés bien des fois sur nos frontières, et qu’ils y ont fait un butin tantôt plus, tantôt moins considérable. Du temps que Kao heou[2] gouvernait l’empire, dans une irruption qu’ils firent, ils forcèrent quelques villes, ils ravagèrent un grand pays, ils enlevèrent des bestiaux en quantité, ils tuèrent ou prirent beaucoup de nos gens. Ils revinrent peu après par le même endroit : on leur opposa des troupes ; elles furent défaites, et nous perdîmes surtout grand nombre d’officiers. Or on dit communément : la victoire donne du courage, même au simple peuple. Au contraire, des troupes battues ont peine à se relever. Depuis Kao heou, ces barbares sont encore venus trois fois par Long si, et ont toujours eu de l’avantage. Aujourd’hui ce n’est plus de même : les troupes que nous avons de ce côté-là, soutenues de la protection du Che tsi[3], et dirigées par vos ordres pleins de sagesse, ont relevé le courage aux peuples des environs. Non seulement nous sommes en état de résister, mais

  1. Ce font les mêmes qu’on appelle ailleurs Hiong nou par mépris. Hiong signifie méchant, cruel. Nou signifie esclave.
  2. La reine veuve de Kao ti.
  3. Il paraît que c’est l’esprit tutélaire ; mais les Chinois conviennent si peu à donner un sens précis à ces deux lettres, qu’on a mieux aimé ne les pas traduire.