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de mérite, dont vous avez si bien fourni votre cour, et que vous avez honoré des premiers emplois, les amusements ne sont point pour eux ; bien loin de les y engager, ne souffrez point qu’ils vous y suivent. En user comme vous faites, c’est aller directement contre les maximes les plus saines, et la pratique la plus constante de la sage antiquité. Des occupations plus sérieuses doivent emporter tout leur temps : ils n’en sauraient employer trop à perfectionner leurs lumières, à s’affermir dans le désintéressement, dans la droiture, et dans les autres vertus. Sans cela ils s’amolliront peu à peu, et ne seront plus reconnaissables. Or, que des gens d’ailleurs si vertueux, non seulement vous fussent inutiles, mais encore se corrompissent à votre cour, quel dommage et quelle honte ! J’en aurais un chagrin mortel. Divertissez-vous, à la bonne heure, avec quelques officiers d’un plus bas étage. Traitez ensuite avec ceux-ci des affaires de votre empire. Par là, sans renoncer à d’honnêtes divertissements, vous pouvez maintenir en leur vigueur les deux points essentiels du gouvernement, les conseils et les rits.

Sur ce discours, l’empereur Cang hi dit : Pour la composition elle n’est pas réglée ; mais le fond du discours est solide. Cette pièce, et les autres du même temps tiennent un peu du désordre qui avait si longtemps régné dans l’empire avant les Han : mais aussi l’on s’aperçoit que des gens qui voient enfin l’État tiré de ces troubles, font leurs efforts pour empêcher qu’il n’y retombe. Les Han occidentaux devaient beaucoup aux deux Kia et à Tong tchong chu. Ce furent eux proprement qui furent le bon levain de leur dynastie.



Kia chan auteur de la précédente pièce, laissa auprès du même empereur Ven ti un de ses neveux nommé Kia y. Il fut fait Po se[1] à l’âge d’environ vingt ans ; et peu après il fut élevé jusqu’au degré de Ta fou. Ven ti déférait beaucoup à ses conseils. La plupart des ordres qu’il donnait, et des règlements qu’il faisait, étaient suggérés par Kia y. Mais la jalousie des Kiang et des Koan[2], à qui la maison régnante avait les dernières obligations, força Ven ti d’éloigner Kia y. Il le donna pour Tai fou[3] au jeune Vang de Tchang cha. Il eut ensuite le même emploi auprès du Vang de Leang hoai. Ce jeune prince vint à mourir. Kia y en conçut une douleur si vive, qu’il tomba malade, et mourut lui-même peu après, n’ayant encore que trente-trois ans. Il n’en avait pas vingt-six, quand il présenta à Ven ti un discours que je vais traduire. Tout long qu’il est, une glose avertit qu’il était encore plus long, et que l’historien des Han en a retranché plus d’un endroit.

  1. Titre d'honneur
  2. Ce sont deux noms de famille.
  3. C'est à peu près comme gouverneur.