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Le moyen, qu’avec ces désordres, puissent régner dans l’empire la modestie, la tempérance, et la sage économie ? Si ces vertus n’y règnent, comment n’y souffrira-t-on pas des mauvais temps ? sera-t-il possible que chacun ait toujours au-delà du nécessaire ? O ! que le Chi king[1] a bien raison de dire : vous qui êtes au-dessus des peuples par votre rang et par vos emplois, veillez avec attention sur vous-mêmes. Les peuples ont les yeux sur vous, prêts à suivre vos bons ou vos mauvais exemples.

Par ces présentes, nous enjoignons à nos ministres et aux magistrats, de travailler à réformer tant d’abus. Le noir et le vert sont les couleurs, dont tout ce qui est peuple doit se servir : qu’on ne lui en souffre point d’autre. Nous recommandons à tous les Heou et autres qui nous approchent, qu’ils s’examinent sur cet article, et soient les premiers à donner l’exemple d’une réforme si nécessaire.

Sur cette déclaration, l’empereur Cang hi dit : qu’on se tienne exactement aux distinctions établies. Que ceux qui sont au-dessus des autres, tenant leur rang selon les lois, donnent à toute la nation l’exemple de ce qu’on appelle, honnête épargne : c’est assurément une grande avance pour la réforme d’un État ; car aussitôt tombe le luxe, source féconde de tant de maux : et comme ceux qui sont dans les dignités, dans les grands emplois, et dans l’abondance, sont plus sujets à s’oublier, Tching ti allait droit au but, en s’adressant principalement à eux.


Déclaration de l’empereur Ngai ti, par laquelle il réforme sa musique.


Aujourd’hui règnent parmi nous trois grands désordres : la prodigalité dans les repas, dans les vêtements, etc ; la recherche de mille vains ornements ; la passion pour les musiques tendres et efféminées de Tchin et de Ouei[2]. De la prodigalité suit le désastre des familles ; elles tombent à la troisième génération, et tout l’empire en devient plus pauvre. La recherche des vains ornements fait qu’un grand nombre de gens s’occupent à des arts très inutiles, au lieu de vaquer à l’agriculture. Enfin les musiques tendres et efféminées inspirent le libertinage. Vouloir, malgré tout cela, faire régner dans un État l’abondance et l’innocence, c’est vouloir qu’une source toujours bourbeuse, forme un ruisseau d’eau pure et claire. Confucius avait bien raison de dire qu’il fallait éviter la musique de Tchin, et qu’elle inspirait le dérèglement des mœurs.

  1. Nom de livre.
  2. Ce sont les deux noms de pays autrefois petits royaumes.